samedi 29 novembre 2008

Esaïe 7,10 à 25


Texte biblique

L’Eternel parla de nouveau à Achaz, et lui dit: Demande en ta faveur un signe à l’Eternel, ton Dieu ; demande–le, soit dans les lieux bas, soit dans les lieux élevés. Achaz répondit : Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas l’Eternel. Esaïe dit alors : Ecoutez donc, maison de David ! Est–ce trop peu pour vous de lasser la patience des hommes, Que vous lassiez encore celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui–même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, Jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Mais avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, Le pays dont tu crains les deux rois sera abandonné. L’Eternel fera venir sur toi, Sur ton peuple et sur la maison de ton père, Des jours tels qu’il n’y en a point eu Depuis le jour où Ephraïm s’est séparé de Juda Le roi d’Assyrie. En ce jour–là, l’Eternel sifflera les mouches Qui sont à l’extrémité des canaux de l’Egypte, Et les abeilles qui sont au pays d’Assyrie ; Elles viendront, et se poseront toutes dans les vallons désolés, Et dans les fentes des rochers, Sur tous les buissons, Et sur tous les pâturages. En ce jour–là, le Seigneur rasera, avec un rasoir pris à louage Au delà du fleuve, Avec le roi d’Assyrie, La tête et le poil des pieds ; Il enlèvera aussi la barbe. En ce jour–là, Chacun entretiendra une jeune vache et deux brebis ; Et il y aura une telle abondance de lait Qu’on mangera de la crème, Car c’est de crème et de miel que se nourriront Tous ceux qui seront restés dans le pays. En ce jour–là, Tout lieu qui contiendra mille ceps de vigne, Valant mille sicles d’argent, Sera livré aux ronces et aux épines: On y entrera avec les flèches et avec l’arc, Car tout le pays ne sera que ronces et épines. Et toutes les montagnes que l’on cultivait avec la bêche Ne seront plus fréquentées, par crainte des ronces et des épines : On y lâchera le bœuf, et la brebis en foulera le sol.

Réflexion

Annonce de la venue d’Emmanuel :

S’il est une personne qui illustre, par la protection et les faveurs dont elle est l’objet, le fait d’être un sujet d’élection de Dieu par grâce, c’est sans contredit la personne du roi Achaz. Roi infidèle à Dieu, classé parmi les souverains ayant commis des actes les plus abominables qui soit, Achaz, contre lui-même, est par deux fois l’objet de la bienveillance divine. La 1ère fois se produit lorsque, menacé par le roi d’Israël et de Syrie coalisés, Achaz voit leur entreprise qui, humainement, avait toutes les chances de réussir, être réduite à néant. Sans explication, il nous est dit que les deux rois, malgré leur force supérieure, ne purent engager le combat contre Jérusalem : Esaïe 7,1 ; 2 Rois 16,5. Une force invisible et surnaturelle les empêcha de mettre à exécution leur dessein, qui était de renverser Achaz et d’y établir à sa place Tabeel, le roi de leur choix.

La seconde fois se produit ici. Sur la même base que la 1ère, le dessein d’élection de Dieu, Esaïe est envoyé vers Achaz en étant porteur d’un message ayant la forme d’une proposition de faveur nouvelle : la possibilité pour le roi de mettre à l’épreuve Dieu par la manifestation d’un signe extraordinaire ayant pour objet de lui signifier Son appui. Décalée par rapport à son vécu, la proposition de Dieu ne rencontrera que refus et incrédulité de la part du roi. Etranger à la relation avec Dieu, Achaz ne peut concevoir de bâtir une relation avec Dieu sur le principe de la grâce seule. Ce ne sont que ceux qui sont sauvés par grâce qui peuvent concevoir une vie avec Dieu construite sur ce principe. Aussi merveilleuse que soit la grâce, l’homme naturel est incapable de fonctionner sur la base de ce principe qui lui apparaît comme incongru, déplacé, inadéquat, parce que contraire au principe sur la base duquel il vit : le principe du mérite. Convaincu que ce ne sont que ceux qui le méritent qui bénéficient de la faveur de Dieu, Achaz oppose donc une fin de non-recevoir à la proposition de grâce que lui fait Esaïe de la part de Dieu.

C’est suite à ce refus, qu’Il connaissait par avance pour les raisons ci-dessus, que Dieu fait d’Esaïe le porteur de la nouvelle messianique, peut-être la plus précise qui soit de toute la Bible : une jeune fille deviendra enceinte et donnera naissance à un fils nommé Emmanuel : Dieu avec nous. L’annonce donne à elle seule la raison pour laquelle Achaz, descendant de David, est l’objet d’une telle faveur de la part de Dieu. Il n’est pas lui la raison de cette faveur, mais c’est celui qui viendra après lui, qui descendra de lui, Jésus, qui en est la raison. Ainsi s’explique la double faveur dont fut l’objet Achaz : la protection surnaturelle dont il fut l’objet contre les projets des deux rois coalisés contre lui, le signe proposé.

Béni soit Dieu qui, au-delà de notre personne, voit tout le bien qu’Il veut faire, tous les projets qu’Il a en vue à travers nous. Nous ne sommes l’objet de Sa faveur qu’en vue du dessein qu’Il a pour le monde, et non d’abord pour " nos beaux yeux ". Que le Seigneur trouve en moi un cœur réceptif à Son projet, car il plaît à Dieu de travailler avec nous, non contre nous !

Annonce des invasions égyptiennes et assyriennes :

On peut être choqué ou surpris ou mal comprendre la raison pour laquelle Dieu mêle l’annonce de la venue à venir du Messie au milieu d’annonces concernant le temps immédiat dans lequel vit le prophète. Cette manière de faire n’est pas unique au livre d’Esaie, mais assez coutumière de la méthode de Dieu. Jésus d’une certaine façon, voyant l’incrédulité à laquelle Il avait à faire face dans ses contemporains, s’y est pris, par la langage caché et secret des paraboles de la même manière. Il n’est pas dans la pensée de Dieu de jeter des perles aux pourceaux. La parole de Dieu, la Personne de Son Fils est aux yeux du Père trop précieuse pour que Sa révélation ne soit donnée qu’à ceux qui Le cherchent effectivement de tout leur cœur. Si Dieu est un Dieu qui se cache, Il est aussi un Dieu qui se plaît à se révéler à celui qui Le cherche.

Incluse dans le message destiné à Achaz, l’annonce des conditions d’arrivée dans le monde du Messie est un extra. Il est évident cependant que le premier but de l’envoi d’Esaïe auprès d’Achaz est de lui délivrer un message qui concerne son temps et sa situation et qui lui soit compréhensible. C’est le sens de tout ce qui est dit dans la suite de ce chapitre et dans les suivants.

Le message d’Esaïe à Achaz se résume à ce sujet à 3 points :

- il est une confirmation de la parole dite juste avant. Achaz n’a pas à craindre l’invasion du roi de Syrie et du roi d’Israël., car, dans peu de temps, leur territoire même sera abandonné
- le Seigneur identifie les deux vraies menaces qui pèsent sur Juda comme sur Israël. Ce ne sont pas les deux petits tisons fumants que sont la Syrie et Israël qui représentent pour l’avenir la vraie menace pour Juda, mais l’Egypte et surtout l’Assyrie.
- La dévastation sera telle, après le passage des invasions égyptiennes et assyriennes que une génisse et deux têtes de bétail comme troupeau suffira à nourrir ceux qui subsisteront. Esaïe annonce donc à Juda le spectre d’une déportation massive du peuple, suivie d’un abandon du territoire laissé aux ronces et aux orties.

Le prochain chapitre poursuit la réflexion et exhorte Juda à éviter ce scénario en lui montrant la voie immédiate du salut.

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