dimanche 23 novembre 2008

Esaïe 6,1a


Texte biblique :

L’année de la mort du roi Ozias,

Réflexion

Composantes de la vocation d’Esaïe :

C’est l’année de la mort du roi Ozias nous est-il précisé qu’Esaïe reçut à la fois la vision qui marqua son ministère (la vision glorieuse de la majesté et de la sainteté de Dieu) et l’appel qui fit de lui, pour son temps, l’envoyé, le messager de ce Dieu qui lui était apparut.

Deux éléments apparaissent donc ici prépondérants et déterminants dans la vocation du prophète
- le moment où celle-ci eut lieu : l’année de la mort du roi Ozias
- la vision qu’il reçut de Dieu, de Sa Personne, de Son caractère
Ce sont ces deux éléments, fort reliés entre eux, que nous allons d’abord examiner !

L’année de la mort du roi Ozias :

Nous ne savons pas quel âge exact avait Esaïe au moment de la mort du roi Ozias. Ce qui est certain cependant, au regard de la longévité du prophète et du fait qu’il exercera son ministère sous le règne de 4 rois, est qu’Esaïe est ici dans la période jeune de sa vie.

Sensible à la pensée, la voix et l’Esprit de Dieu, nul doute que la mort du roi Ozias ne laissa pas indifférent le jeune prophète qu’était Esaïe,. Car peu de morts dans la Bible ne parle autant à la conscience d’hommes justes que celle que connut Ozias.

Rappel des faits concernant Ozias :

Tout avait bien commencé pour le roi Ozias. Successeur d’Amatsia, son père, victime d’une conspiration, il était monté sur le trône de Juda, à l’âge de 16 ans, avec dans son cœur l’intention de suivre l’exemple de son père, qui avait (partiellement) fait ce qui convenait au Seigneur : 2 Chr 26,3-4.

Il s’appliqua donc nous dit le texte biblique, dès le début, et sous l’influence d’un prophète nommé Zacharie, à chercher le Seigneur. Pendant tout ce temps où il cultiva cette disposition de cœur, le Seigneur le bénit :
- il remporta de grandes victoires militaires contre tous ses ennemis : les philistins, les arabes, les maonites : 2 Chr 26,5 à 7
- il acquit une renommée qui dépassa de loin les frontières de son royaume : 2 Chr 26, 8
- il fortifia Jérusalem et connut la prospérité : 2 Chr 26, 9 à 15

Il fut en toutes choses, dit le biographe qui raconta sa vie, extraordinairement aidé : 26,15. De façon claire, visible pour tous, la main de Dieu était sur et avec Ozias dans tout ce qu’il entreprenait. La chose était si évidente qu’elle s’imposait à tous et que nulle n’aurait pensé à la remettre en question. C’est la bénédiction de Dieu seule qui éleva et enrichit Ozias et lui assura réussite et succès dans toutes ses entreprises.

Tout alla bien pour Ozias, raconte la Bible, jusqu’à un certain jour : un jour où enorgueilli par ses succès et sa puissance, Ozias franchit une frontière sacrée qu’il n’était permis à personne, sauf autorisation de Dieu, de franchir. Non satisfait d’exercer la royauté, Ozias voulut encore avoir plus : il ambitionna également d’exercer la prêtrise : v 16, une charge, lui rappela Azaria, le chef des prêtres alors en service qu’ils n’étaient permis qu’au fils d’Aaron seuls, consacrés pour ce service, d’exercer : v 17 à 18

La sanction ne se fit pas attendre. Alors qu’Ozais fulminait de colère contre les prêtres, la lèpre se déclara subitement sur son front. Ozias dut alors sur le champ sortir précipitamment de l’enceinte sacrée : v 19-20. La lèpre dont il avait été frappé, non seulement ne le quittera plus, mais l’obligera à vivre reclus et isolé de tous, et à transférer prématurément la régence à son fils Jotam.

Parce que la Bible n’en dit rien, nous ne savons pas si Esaïe, dans sa jeunesse, a connu ou parlé avec Ozias. Nul doute cependant que le jeune prophète qui, peut-être passant à côté de la maison isolée dans laquelle vivait le roi lépreux, n’ait été profondément marqué dans sa conscience par l’histoire et le destin tragique de cet homme en qui, je suis sûr, il ne manqua pas de voir une illustration, une parabole vivante de ce qui allait survenir à son peuple.

En effet, pour qui y regarde de près, la comparaison entre le sort et l’histoire personnelle d’Ozias et celle du peuple de Dieu au temps d’Esaïe, saute aux yeux. Comme pour Ozias, l’Histoire d’Israël et de Juda est une histoire :
- qui commence bien et sous les meilleures auspices : Jérémie évoque ce temps là : Jérémie 2,1 à 2
- marquée par l’aide extraordinaire de Dieu visible par les conquêtes militaires fulgurantes remportées par le peuple de Dieu, depuis la sortie d’Egypte jusqu’à l’entrée à Canaan. : des victoires qui feront sa renommée et inspireront la crainte à tous ses ennemis.
-marquée par la bénédiction évidente de Dieu aussi bien dans ses conquêtes que dans la prospérité qui s’ensuivit.

Mais une histoire marquée comme celle d’Ozias, au milieu même de la bénédiction (nous l’avons vu dans les 6 malheurs par lesquels Esaïe commence son livre) par l’orgueil, la suffisance, l’oubli de Dieu, la désobéissance à Sa Parole, Ses commandements, Sa volonté !

Aussi voit-on bien ici que le temps et les circonstances (l’année de la mort du roi Ozias) dans lesquelles Dieu va se révéler à Esaïe ne relève en rien du hasard. Car l’une (la mort d’Ozias) précède et prépare l’autre (la vision de Dieu).

Il n’est pas rare, en effet, que pour nous rappeler et souligner dans notre conscience qui Il est, et peut-être plus particulièrement le trait de Sa sainteté, Dieu utilise un fait tragique survenant à une personne pour parler et impressionner le cœur de tous ceux qui l’entourent. Une telle chose se produisit à plusieurs reprises :
- au temps du roi David, par exemple, par la mort subite et directe d’Ouzza pour la seule faute d’avoir porté sa main sur l’arche de Dieu prête à tomber : 2 Sam 6,6 à 9
- au temps des Actes des apôtres, par la mort non moins imminente d’Ananias et Saphira pour avoir menti à Pierre : Actes 5,1 à 6 : v 5 : ce que le châtiment produisit

Esaïe apprit ainsi de la mort d’Ozias plusieurs choses :
- rien n’est plus grave offense aux yeux de Dieu que l’orgueil, ce péché du diable, cette prétention qui nous fait nous élever au-dessus de ce que Dieu a fait de nous ou veut que nous soyons.
- Il n’est pas nécessaire de commettre de nombreuses fautes, mais une seule faute grave peut suffire pour nous exclure immédiatement et pour toujours du service de Dieu

Le trait marquant et prédominant de la Personne de Dieu, celui que nous devrions avoir, par-dessus tout autre, constamment présent à notre esprit, est la sainteté. Une leçon que Dieu va largement accentuer et souligner par la vision dont Esaïe va être l’objet.

Aucun commentaire: