jeudi 27 novembre 2008

Esaïe 6,9 à 13


Texte biblique

Il dit alors : Va, et dis à ce peuple : Vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; Vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche–lui les yeux, Pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, Ne comprenne point de son cœur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri. Je dis : Jusqu’à quand, Seigneur ? Et il répondit : Jusqu’à ce que les villes soient dévastées Et privées d’habitants ; Jusqu’à ce qu’il n’y ait personne dans les maisons, Et que le pays soit ravagé par la solitude ; Jusqu’à ce que l’Eternel ait éloigné les hommes, Et que le pays devienne un immense désert, Et s’il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis. Mais, comme le térébinthe et le chêne Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple.

Réflexion

La mission d’Esaïe :

Il est intéressant de noter, et c’est ainsi que le Seigneur le veut, que c’est avant d’avoir eu connaissance du contenu de sa mission qu’Esaïe a donné son oui à Dieu pour son envoi par Lui en mission. Avant même la mission que Dieu nous confie, ce que Dieu veut trouver ce sont des hommes, des femmes prêts, disposés à faire Sa volonté. Cette disposition, l’Ecriture nous le rappelle, était la motivation qui fut à l’origine de l’incarnation de Jésus, le Fils de Dieu : Hébr 10,5 à 7. Elle le sera et le restera tout au long du parcours terrestre de Jésus jusqu’à la croix : Jean 6,38 ; Matthieu 26,39. C’est cette disposition seule qui, dans le service de Dieu, nous rend apte à persévérer et à accomplir notre mandat, que celui-ci soit jalonné de succès ou non. Sachons-le : si dans le service de Dieu, ce n’est pas la soumission à la volonté de Dieu, la mise à disposition sans condition de notre vie à Son service qui est à la base de notre motivation, tôt ou tard il est fort probable que nous abandonnerons la partie, déçus par le fait que ce que nous rencontrons ne corresponde pas à nos fausses attentes.

Le oui d’Esaïe dit à Dieu, le Seigneur peut lui révéler le contenu de la mission qu’Il lui destine. A le lire, on peut se dire qu’il est heureux qu’Esaïe ait donné son oui avant de le connaître. Car, le moins qu’on puisse dire est que l’ordre de mission reçu par le prophète comporte tout, sauf une perspective de réjouissance et de succès. Esaïe, comme Jésus et Paul après lui, nous enseigne que ce qui fait le véritable bonheur du serviteur de Dieu n’est pas le résultat humain du ministère qu’il exerce. Il est d’abord et surtout dans la joie qu’il éprouve à servir Dieu, à se savoir à sa place, à vivre le fait d’être en quelque sorte le média qu’Il utilise pour parler aux hommes de son temps. Si cette joie n’est pas en nous, si elle ne nous suffit pas, sachons-le, alors rien ne nous suffira. Heureux sans doute le serviteur qui, à l’instar d’un Billy Graham, a la joie de voir sous ses yeux le fruit immédiat de son travail. Pour autant, si nous l’interrogeons, lui, comme tous les autres hommes de Dieu, tous le diront : la vraie joie du serviteur, c’est de se savoir envoyé, approuvé par le Maître, qu’il soit reconnu, apprécié, entendu ou pas. Malheur à ceux qui, sous prétexte de servir Dieu, ne courent en fait qu’après la reconnaissance et le succès. Tôt ou tard, les jours de leur ministère sont comptés !

La mission d’Esaïe, et c’est en cela qu’elle est intéressante pour nous, est la mission type d’un serviteur de Dieu dans un temps de jugement. La grande qualité que cette mission exige en ce temps est la fidélité. Car, Dieu le dit, au lieu d’amener le peuple à revenir à Dieu, le message d’Esaïe va plutôt favoriser son endurcissement et son aveuglement. Il va légitimer encore plus, si besoin était, la nécessité du jugement qui s’approche. Il ne va que mettre en évidence la justification de ce qui va se produire dans un délai proche. Le contenu de la mission donnée à Esaïe nous parle du déchirement que représente pour le serviteur de Dieu la double appartenance qui est la sienne, déchirement également vécu par Jésus et Paul : Luc 19,41 à 44 ; Rom 11,1 à 2. Car le serviteur de Dieu, plus que tout, aime son Dieu ; il sent en Lui la justesse de l’affliction qui étreint Son cœur et L’amène à manifester Son courroux contre Son peuple et les péchés qu’Il voit en lui. Mais le serviteur de Dieu est aussi un membre de ce peuple, peuple qu’il aime, affectionne et à qui il aimerait tant épargner la douleur de la colère qui vient. Aussi, déchiré entre ces deux affections, il est amené à redoubler aussi bien dans la prière que la prédication : prière pour intercéder pour le peuple devant Dieu et prédication pour avertir le peuple de la part de Dieu. Que cette double appartenance soit aussi aujourd’hui le moteur de notre engagement et de la manifestation de notre affection pour Dieu et nos frères, hommes comme nous

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