jeudi 20 août 2009

Esaïe 66,18 à 24


Texte biblique

Je connais leurs œuvres et leurs pensées. Le temps est venu de rassembler toutes les nations Et toutes les langues ; Elles viendront et verront ma gloire. Je mettrai un signe parmi elles, Et j’enverrai leurs réchappés vers les nations, A Tarsis, à Pul et à Lud, qui tirent de l’arc, A Tubal et à Javan, Aux îles lointaines, Qui jamais n’ont entendu parler de moi, Et qui n’ont pas vu ma gloire ; Et ils publieront ma gloire parmi les nations. Ils amèneront tous vos frères du milieu de toutes les nations, En offrande à l’Eternel, Sur des chevaux, des chars et des litières, Sur des mulets et des dromadaires, A ma montagne sainte, A Jérusalem, dit l’Eternel, Comme les enfants d’Israël apportent leur offrande, Dans un vase pur, A la maison de l’Eternel. Et je prendrai aussi parmi eux Des sacrificateurs, des Lévites, dit l’Eternel. Car, comme les nouveaux cieux Et la nouvelle terre que je vais créer Subsisteront devant moi, dit l’Eternel, Ainsi subsisteront votre postérité et votre nom. A chaque nouvelle lune et à chaque sabbat, Toute chair viendra se prosterner devant moi, dit l’Eternel. Et quand on sortira, on verra Les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi ; Car leur ver ne mourra point, et leur feu ne s’éteindra point ; Et ils seront pour toute chair un objet d’horreur.

Réflexion

Le grand rassemblement et le tri final

Si le jugement des idolâtres est une nécessité dans le processus d’instauration du règne de Dieu, il n’est pas fort heureusement la note sur laquelle se termine l’histoire de la relation de l’homme avec Dieu. Le jugement a pour objectif de régler la question du péché. Or, on le sait, le péché n’est pas entré dans le monde à l’origine des choses, mais plus tard. Il y avait, avant le péché, un dessein de Dieu excellent, très bon pour l’homme. La question du péché réglée par le jugement, la porte est maintenant ouverte pour que le dessein originel de Dieu s’accomplisse.

Quel est ce dessein, si ce n’est pour Dieu de régner et de vivre avec et parmi les Siens ? Tout obstacle ôté, l’heure est enfin venue pour que, par Son Messie, le règne de Dieu vienne et s’établisse parmi les nations. Devenu le centre politique et spirituel du monde, Jérusalem verra alors affluer vers elle des hommes de tout peuple et de toute langue venir pour voir la gloire du Oint et du Messie de Dieu : Jésus, Son Fils. Alors s’opérera parmi les peuples l’œuvre d’évangélisation inachevée par l’Eglise. Des hommes et des femmes seront encore envoyés au loin pour parler, enseigner, témoigner avec un succès total de la gloire de Celui qui, régnant à Jérusalem, est le Roi de toute la terre. Plus personne ici-bas ne pourra désormais prétexter ne pas avoir cru en Lui pour ne pas avoir entendu parler de Lui. Un cortège interminable d’hommes de tous les peuples se rendra sans cesse à Jérusalem pour Lui apporter de partout à la fois son hommage et ses offrandes. Autre nouveauté : alors que, jusque là, l’accès au sacerdoce et à la prêtrise dans le temple était réservé aux seuls lévites, des hommes de tous les peuples officieront avec eux auprès de Lui.

Bien que magnifique et incomparable en joie, en paix, comme en gloire, le temps de la royauté du Messie ici-bas reste malgré tout un temps dans lequel il sera impossible d’effacer totalement la trace du péché. Esaïe le dit ici de façon induite. Ce n’est pas ici-bas, sur cette terre où le péché a régné pendant de si longs siècles, que s’établira pour toujours le règne de Dieu, mais dans la création nouvelle, la nouvelle terre et les nouveaux cieux à venir. Aussi, bien que le temps de la royauté du Messie soit sans conteste l’âge d’or de l’humanité, cet âge reste entaché par une ombre. Comme un avertissement pour ceux qui oublieraient de quoi a été faite toute l’histoire, il nous est dit qu’après être entré à Jérusalem pour rendre gloire et honneur au Roi, ceux qui en sortiront ne pourront éviter d’être confronté à l’horrible et triste vision des cadavres de ceux qui se seront révoltés contre Sa majesté. Jusqu’à la fin ici-bas, les hommes resteront libres de leurs choix et de leurs vies. La triste réalité de ce qu’est le péché, une fois de plus, s’imposera. Sans même être soumis à l’influence de Satan, alors qu’ils auront sous leurs yeux le Roi et qu’ils ne pourront que constater les fruits sur toute la terre de l’excellence et des bienfaits de Sa royauté, des hommes trouveront encore en eux-mêmes suffisamment de ressources de mal pour oser se rebeller contre Lui. Le jugement et sa sanction seront immédiats. La pratique et l’exercice du péché seront confrontés à une justice dont le degré de tolérance à son égard sera réduit à zéro. Si le règne du Christ sera un règne de joie, de paix et de gloire, il sera ici-bas aussi un règne de fer : Psaume 2,9 à 11. C’est en frissonnant de crainte que Ses serviteurs éclateront d’allégresse dans Sa présence. C’est pourquoi, aussi glorieux soit ce règne, il ne sera que le prélude de celui qui viendra, règne de l’Amour duquel toute crainte est désormais bannie : 1 Jean 4,18.

Oui ! O Dieu, que Ton règne vienne sur la terre, puis dans les cieux !

mercredi 19 août 2009

Esaïe 66,15 à 17


Texte biblique

Car voici, l’Eternel arrive dans un feu, Et ses chars sont comme un tourbillon ; Il convertit sa colère en un brasier, Et ses menaces en flammes de feu. C’est par le feu que l’Eternel exerce ses jugements, C’est par son glaive qu’il châtie toute chair ; Et ceux que tuera l’Eternel seront en grand nombre. Ceux qui se sanctifient et se purifient dans les jardins, Au milieu desquels ils vont un à un, Qui mangent de la chair de porc, Des choses abominables et des souris, Tous ceux–là périront, dit l'Eternel.

Réflexion

Jour de jugement pour les rebelles

Si la venue du Seigneur dans Son règne sera pour Ses serviteurs synonyme de joie, il n’en sera pas de même pour tous ceux qui seront plongés dans leurs pratiques idolâtres et outrageantes à Son égard. Pour tous, en effet, le jour du Seigneur sera un jour de vérité et de rétribution. Pour les justes, tous ceux dont la foi s’est nourrie, pendant les longues années où ils ont du endurer et faire face aux moqueries et à l’opposition des incroyants, de l’espérance de la venue de ce jour, ce jour de vérité sera celui de la concrétisation de leur attente. Dieu leur donnera en ce jour d’entrer en pleine possession de leur héritage. Pour les idolâtres, ce même jour de vérité sera un jour de condamnation, condamnation de leurs péchés et du mauvais placement qu’ils auront fait dans leur foi au jour où, entendant la parole de Dieu dont il leur était rendu témoignage, ils ont refusé d’y adhérer.

De ce double effet de la venue du Seigneur pour les justes et les injustes, nous pouvons retirer deux leçons :

- la 1ère est qu’il n’y aura pas, de la part de Dieu, deux mais un seul principe directeur guidant la rétribution qu’Il donnera aux justes et aux injustes. C’est sur la base d’une entière équité que, en ce jour, chacun recevra selon ce qui lui est dû. Le face à face avec le Dieu de l’éternité est un face à face avec la Vérité auquel nul, quelles que soient les excuses qu’il pourrait avancer, ne pourra échapper.

- La seconde est que ce qui, venant de Dieu, provoquera la souffrance des réprouvés, sera de l’autre côté ce qui sera à la source de la joie des justes. Comme le même feu réchauffe et réjouit celui qui a l’intelligence de se tenir à bonne distance de son brasier, et peut dans le même temps consumer dans des souffrances insupportables celui fait preuve d’audace, d’imprudence et d’arrogance à son égard, ainsi en est-il des effets de la présence et de la manifestation de la gloire de Dieu envers les élus et les réprouvés.

Bénit soit Dieu pour la parfaite justice qui, en tout temps, oriente les actes de jugement et les décisions de salut qui émanent de Sa volonté !
 

mardi 18 août 2009

Esaïe 66,7 à 14


Texte biblique

Avant d’éprouver les douleurs, Elle a enfanté ; Avant que les souffrances lui vinssent, Elle a donné naissance à un fils. Qui a jamais entendu pareille chose ? Qui a jamais vu rien de semblable ? Un pays peut–il naître en un jour ? Une nation est–elle enfantée d'un seul coup ? A peine en travail, Sion a enfanté ses fils ! Ouvrirais–je le sein maternel, Pour ne pas laisser enfanter ? dit l'Eternel ; Moi, qui fais naître, Empêcherais–je d'enfanter ? dit ton Dieu. Réjouissez–vous avec Jérusalem, Faites d'elle le sujet de votre allégresse, Vous tous qui l'aimez ; Tressaillez avec elle de joie, Vous tous qui menez deuil sur elle ; Afin que vous soyez nourris et rassasiés Du lait de ses consolations, Afin que vous savouriez avec bonheur La plénitude de sa gloire. Car ainsi parle l’Eternel : Voici, je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, Et la gloire des nations comme un torrent débordé, Et vous serez allaités ; Vous serez portés sur les bras, Et caressés sur les genoux. Comme un homme que sa mère console, Ainsi je vous consolerai ; Vous serez consolés dans Jérusalem. Vous le verrez, et votre cœur sera dans la joie, Et vos os reprendront de la vigueur comme l’herbe ; L’Eternel manifestera sa puissance envers ses serviteurs, Mais il fera sentir sa colère à ses ennemis.

Réflexion

Jérusalem, mère du Messie et joie des élus

Si l’attente de la réalisation de leur espérance sera pour les justes un temps où ils devront subir les railleries des incrédules et des moqueurs, la honte et la plus grande confusion régneront dans leur camp au jour soudain où la promesse de Dieu au sujet de Son règne s’accomplira. Car, contrairement à la logique évolutionniste qui veut que ce soit graduellement et progressivement que l’on passe pratiquement du néant à l’accompli, c’est immédiatement, en un instant, comme il en est d’ailleurs du phénomène spirituel de la nouvelle naissance, que les promesses séculaires de Dieu au sujet de Son règne parmi les Siens à Jérusalem se réaliseront. Jusqu’alors battu, humilié, rayé même de la carte du monde, en un seul jour Israël, mère du Messie, se verra renaître.

Alors que pendant des siècles Israël n’était plus, la prophétie d’Esaïe l’indique ici clairement : sa renaissance comme nation est le signe, l’étape première de l’instauration du règne qui vient. Israël, de nouveau présente en tant que nation sur la carte du monde, aucune puissance n’a désormais le pouvoir de l’en ôter. Israël de nouveau présent, la condition première de l’instauration du Règne du Messie est remplie. Cette étape passée, ce règne ne tardera pas !

Sans délai, après la renaissance du pays, la prophétie nous transporte à Jérusalem, la capitale du grand Roi. Car l’un ne saurait aller sans l’autre. Israël et Jérusalem ne font qu’un, l’un étant, pour ainsi dire le corps, l’autre le cœur. Autrefois sujet de la concentration de toutes les animosités des nations contre Israël, Jérusalem, capitale du grand Roi, sera, au temps de l’établissement de Son règne, la capitale de la joie. Du monde entier, ceux qui, jusque là, la pleuraient et menaient deuil sur elle accourront, portés par les peuples et les nations, et seront consolés. Car c’est chez elle, à partir d’elle, que le Roi établira Son règne, un règne désormais incontesté. Capitale du monde, Jérusalem sera alors la garantie de sa paix et le sujet de toute ses gloires. S’accomplira alors le chant des pèlerins montant chaque année à la ville sainte, chant qui nous est rapporté par David dans le psaume 122. Que ta paix, Jérusalem, vienne bientôt !

lundi 17 août 2009

Esaïe 66,5 et 6


Texte biblique

Ecoutez la parole de l'Eternel, Vous qui craignez sa parole. Voici ce que disent vos frères, Qui vous haïssent et vous repoussent A cause de mon nom : Que l'Eternel montre sa gloire, Et que nous voyions votre joie ! –Mais ils seront confondus. Une voix éclatante sort de la ville, Une voix sort du temple. C’est la voix de l’Eternel, Qui paie à ses ennemis leur salaire.

Réflexion

Honte aux moqueurs

Bien que le temps de l’attente de la manifestation du Seigneur soit un temps d’espérance profonde pour ceux qui Lui sont attachés, c’est aussi, à cause des sarcasmes dont ils sont l’objet de la part des moqueurs un temps difficile. De diverses manières, en effet, la Bible en témoigne : plus le temps de la manifestation en gloire du Seigneur est proche, plus, semble-t-il, les véritables enfants de Dieu, tendus tout entier dans leur foi vers la venue de ce jour, seront l’objet des railleries et des moqueries de leurs frères de sang : 2 Pierre 3,3-4 ; 1 Pierre 3,20. Quelque part, cette division marquée de la société en deux camps, le camp des fidèles et celui des incrédules, a un mérite : celui de mettre en lumière avant l’heure, c’est-à-dire avant la venue du jugement, la réalité spirituelle qui habite dans les cœurs.

Si telle est la situation, nous ne devons donc pas nous en étonner. Au contraire, dit le Seigneur ! Nous qui, sans le voir encore, Le craignons et tremblons à sa Parole, à cause de la crainte qui nous habite de Lui déplaire, seront de ceux qui, contrairement aux incrédules, ne trembleront pas lorsqu’Il paraîtra. Car le Seigneur vient ! Il sort de Son temple et Sa rétribution est avec Lui pour rendre à chacun selon ce qu’il mérite : la honte aux moqueurs, la joie à ceux qui L’attendent ! Que bientôt Ton règne vienne, ô Dieu, et que dans cette attente mon cœur ne fléchisse pas dans la passion et l’attachement qu’il a pour Ta personne !

dimanche 16 août 2009

Esaïe 66,3 et 4


Texte biblique

Celui qui immole un bœuf est comme celui qui tuerait un homme, Celui qui sacrifie un agneau est comme celui qui romprait la nuque à un chien, Celui qui présente une offrande est comme celui qui répandrait du sang de porc, Celui qui brûle de l'encens est comme celui qui adorerait des idoles ; Tous ceux–là se complaisent dans leurs voies, Et leur âme trouve du plaisir dans leurs abominations. Moi aussi, je me complairai dans leur infortune, Et je ferai venir sur eux ce qui cause leur effroi, Parce que j’ai appelé, et qu’ils n’ont point répondu, Parce que j’ai parlé, et qu’ils n’ont point écouté ; Mais ils ont fait ce qui est mal à mes yeux, Et ils ont choisi ce qui me déplaît.

Réflexion

Simulacre de piété et conséquences

Poursuivant (cf Ch 65) dans le thème de la distinction qu’Il fait entre ceux qu’Il reconnaît comme Ses serviteurs, ceux qui Le craignent, et les autres parmi Son peuple, l’Eternel témoigne de ce que sont à Ses yeux et à Son cœur les actes formalistes de piété que pratiquent les faux adorateurs : une abomination totale. Se faisant, l’Eternel ne dit ici pas autre chose que ce que Jésus dira des siècles plus tard à la samaritaine : les vrais adorateurs sont ceux qui adorent à la fois en esprit et en vérité. Ce sont là les seuls et vrais adorateurs que le Père recherche : Jean 4,23-24. Parce qu’elle est un tout qui englobe à la fois vie et acte, cœur et pratique, il est impossible que la piété qui ne consiste à rendre à Dieu l’honneur et la gloire qui Lui est due que par la forme, puisse Le satisfaire. Dans ce domaine comme dans tous les autres, nous devons constamment nous souvenir de la parole de l’Eternel dite à Samuel au moment du choix du successeur de Saül : l’Eternel ne regarde pas à ce qui frappe les yeux, mais au cœur : 1 Sam 16,7. Les exemples d’approbation et de désapprobation de la vraie et de la fausse piété abondent dans la Bible, et plus particulièrement dans les Evangiles. Citons parmi eux, dans le sens positif, les actes de piété de la pauvre veuve : Marc 12,42-43, l’offrande de parfum de Marie de Béthanie : Jean 12,1 à 3 ; dans le sens négatif, la réaction de Judas : Jean 12,5-6, le comportement des scribes et des pharisiens en général : Marc 7,1 à 13 de Caïn : Genèse 4,1 à 8. Souvenons-nous pour nous-mêmes que notre piété, nos actes d’adoration envers Dieu, nos prières n’ont de sens et de valeur que s’ils sont par ailleurs le reflet dans le concret de notre désir pratique d’honorer Dieu par toute notre vie : cf Prov 28,9. Que Dieu nous donne d’être un dans notre vie comme Il l’est Lui dans tout ce qu’Il est, dit et fait !

Parce que la piété de nombreux juifs était un simulacre, Dieu avertit ceux qui peuvent tromper les autres par l’apparence qu’ils ne Le trompent pas, Lui. C’est à l’aune, au critère de l’obéissance à sa Parole que Dieu juge de notre piété, non aux actes religieux que nous accomplissons. Cette obéissance, Dieu ne la veut ni contrainte, ni forcée : elle doit être l’expression de ce qui est pour nous notre plaisir le plus grand. Dieu le dit ici clairement : c’est dans la différence de ce à quoi ils s’affectionnent que se fait la distinction réelle entre ceux qui L’adorent authentiquement et les autres. Il est en effet impossible d’aimer Dieu et le péché, de s’affectionner aux choses qui relèvent de Dieu et celles qui contribuent à la satisfaction de la chair : Rom 8,5. Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu, puisqu’ils se plaisent dans des choses qui sont contraires à Sa nature ! Que le Seigneur me donne dans Sa grâce de haïr le péché et de m’attacher toujours plus fortement à ce qui vient de Lui et va vers Lui ! Qu’Il soit béni pour la beauté et la richesse de tous Ses trésors !

samedi 15 août 2009

Esaïe 66,1 et 2


Texte biblique

Ainsi parle l'Eternel : Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez–vous me bâtir, Et quel lieu me donneriez–vous pour demeure ? Toutes ces choses, ma main les a faites, Et toutes ont reçu l’existence, dit l’Eternel. Voici sur qui je porterai mes regards : Sur celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, Sur celui qui craint ma parole.

Réflexion

La grandeur de Dieu :

Après avoir décrit ce que sera le monde sous la domination du Serviteur, l’Eternel interroge ici Son peuple sur une idée à travers laquelle Il veut mettre en valeur à la fois le principe de Sa souveraineté, ce qui fait de Lui l’Unique et le Tout Autre, et celui de la grâce, seul principe au travers duquel la relation que nous pouvons avoir avec Lui repose. Le premier principe, celui de la souveraineté, de l’expression de la majesté de Dieu, est lié à ce que l’on pourrait appeler en langage humain au siège social de Dieu, le lieu de Sa résidence, lieu à partir duquel aussi Il exerce Sa domination sur l’univers. Si, pour les souverains de ce monde, l’exercice de l’autorité, du pouvoir se fait à partir d’un lieu précis, lieu désigné et reconnu comme tel par la force du mouvement de l’histoire du peuple auquel il se réfère (l’Elysée pour le Président français, la Maison Blanche pour celui des Etats-Unis, le Vatican pour le pape…), il ne peut en être ainsi pour le Roi des rois ou le Souverain des souverains. Quoi que Dieu possède, l’Eternel le rappelle ici : rien de ce qu’Il a n’est le fruit de l’héritage de l’histoire ou du travail de l’homme. La souveraineté que Dieu exerce sur l’univers n’est et ne sera jamais le résultat du mouvement de l’histoire qui fera que, tout à coup, ce sera Lui qui sera propulsé à la place la plus élevée. En vérité, dès le début, Il est Lui le Souverain, ce qui implique que les choses soient à Son service, non comme le résultat du travail séculaire de Dieu dans l’histoire, mais de fait et parce que d’abord, c’est Lui qui en est l’origine. Quelle que soit la force du désir qui anime l’homme épris de Dieu, Dieu ne peut recevoir de lui que ce que Lui-même possédait déjà et qu’Il a mis dans sa main. Si ! pourtant, dit Dieu de manière induite, l’homme va tout de même apporter quelque chose à la gloire et à la grandeur de Dieu. Paradoxe incroyable si l’on considère l’histoire des hommes avec tout le cortège de souffrances et d’abominations issu de l’entrée du péché dans le monde, Dieu dit ici que si, de toujours, le ciel est Son trône, la terre, quant à elle est Son marchepied, le support au travers duquel Sa gloire, pourtant infinie et complète en elle-même dès l’origine, sera rehaussée. Voilà ce à quoi servira in fine toute l’histoire tourmentée de notre humanité et les projets subtils et maléfiques du Malin. Que cette certitude de la victoire complète de Dieu, rendue possible par la mort de Christ, victoire par laquelle Sa gloire sera magnifiée au-delà de ce qu’elle est par nature, soit la vérité qui, constamment, habite notre esprit et illumine notre foi !

Si le principe de Sa totale souveraineté, tel que défini dans les termes ci-dessus, est le principe premier par lequel Dieu désire que nous pensions les conditions de Sa royauté, il induit automatiquement que ce soit sur la base du principe de la grâce seule que nous est garantie Sa présence avec nous. Aussi, pour bien mettre en évidence la complémentarité des deux principes, Dieu, après avoir affirmé sur quelle base il se doit de concevoir l’exercice de Sa souveraineté, indique-t-Il qui sont, parmi les humains, ceux qui, plus que tous les autres, attirent Son attention. De la hauteur la plus élevée à laquelle Sa souveraineté nous avait propulsé, Dieu nous ramène, selon le principe de la grâce, à la profondeur. Oui ! Dieu, naturellement, en vertu de Sa majesté, habite les lieux les plus élevés ; mais, pour ce qui est de Sa présence parmi nous, c’est avec les hommes à l’esprit abattu, ceux qui le craignent et qui tremblent à Sa Parole qu’Il se complaît : Esaïe 57,15. Du haut jusqu’en bas et du bas jusqu’en haut, quel que soit le niveau où Il nous trouve, Dieu est là. Il sait tout, connaît, tout, remplit tout. Il n’y a aucun lieu, aucun endroit, aucun niveau où il ne nous serait possible de Le connaître, d’entrer en communion avec Lui. Des chérubins qui sont près de Son trône aux pécheurs se connaissant comme les plus misérables, la grâce de Dieu nous permet d’entrer en relation personnelle avec Lui… avec de la part de Dieu, un penchant plus accentué pour celui qui se tient dans la poussière devant Lui. Tout cela, particulièrement pour les pécheurs que nous sommes, vient de Dieu qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ : 2 Cor 5,18, afin qu’en Lui soit récapitulé ce qui est dans les cieux, au plus élevé, et ce qui est sur la terre, au plus bas : Ephés 1,10. Que Dieu me donne chaque jour là où je suis, physiquement comme dans mon état spirituel du moment, de Le chercher.

vendredi 14 août 2009

Esaïe 65,13 à 25


Texte biblique

C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : Voici, mes serviteurs mangeront, et vous aurez faim ; Voici, mes serviteurs boiront, et vous aurez soif ; Voici, mes serviteurs se réjouiront, et vous serez confondus ; Voici, mes serviteurs chanteront dans la joie de leur cœur ; Mais vous, vous crierez dans la douleur de votre âme, Et vous vous lamenterez dans l’abattement de votre esprit. Vous laisserez votre nom en imprécation à mes élus ; Le Seigneur, l’Eternel, vous fera mourir, Et il donnera à ses serviteurs un autre nom. Celui qui voudra être béni dans le pays Voudra l’être par le Dieu de vérité, Et celui qui jurera dans le pays Jurera par le Dieu de vérité ; Car les anciennes souffrances seront oubliées, Elles seront cachées à mes yeux. Car je vais créer de nouveaux cieux Et une nouvelle terre ; On ne se rappellera plus les choses passées, Elles ne reviendront plus à l’esprit. Réjouissez–vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse, A cause de ce que je vais créer ; Car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse, Et son peuple pour la joie. Je ferai de Jérusalem mon allégresse, Et de mon peuple ma joie ; On n’y entendra plus Le bruit des pleurs et le bruit des cris. Il n’y aura plus ni enfants ni vieillards Qui n’accomplissent leurs jours ; Car celui qui mourra à cent ans sera jeune, Et le pécheur âgé de cent ans sera maudit. Ils bâtiront des maisons et les habiteront ; Ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu’un autre les habite, Ils ne planteront pas des vignes pour qu’un autre en mange le fruit ; Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, Et mes élus jouiront de l’œuvre de leurs mains. Ils ne travailleront pas en vain, Et ils n’auront pas des enfants pour les voir périr ; Car ils formeront une race bénie de l’Eternel, Et leurs enfants seront avec eux. Avant qu’ils m’invoquent, je répondrai ; Avant qu’ils aient cessé de parler, j’exaucerai. Le loup et l’agneau paîtront ensemble, Le lion, comme le bœuf, mangera de la paille, Et le serpent aura la poussière pour nourriture. Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte, Dit l’Eternel.

Réflexion

Le bonheur à venir des élus

Le tri entre les fidèles et les apostats opéré, la distinction d’état liée à chacune des conditions entre dans sa pleine réalité. Car, tandis que les uns jouissent dans sa pleine mesure de tous les bienfaits inhérents à la bénédiction de Dieu, les autres dans la même mesure expérimentent ce que cela signifie d’en être privé. Des cris, souligne Esaïe, s’élèvent des deux camps. Mais, alors que chez les uns ce sont des cris de joie, chez les autres, ce sont des cris de souffrance et de douleur. Les uns comme les autres cependant, comme le dit aussi Paul dans Rom 9,19 à 23, serviront à leur manière à la gloire de Dieu. Par leur fin, les apostats serviront d’exemple d’imprécation à ceux qui, après eux, seraient tentés de suivre leurs traces. Par leur bonheur, les justes seront les témoins du privilège extraordinaire qu’est celui d’être le serviteur de Dieu.

Après avoir traité le sujet de la différence d’état des justes et des apostats, Esaïe s’attache, de la part de Dieu, à décrire ce que sera le monde nouveau qu’Il a préparé pour les Siens . Qui dit monde nouveau dit obligatoirement au moins deux choses : la 1ère est la mention de ce qui, venant du monde ancien, n’existera plus ; la seconde exprime ce qui, absent du monde ancien, sera là :

1. ce qui sera nouveau :

- le ciel et la terre
- une longévité beaucoup plus grande : mourir à 100 ans sera mourir jeune
- une proximité avec Dieu qui fera qu’à peine prononcée la prière sera exaucée
- la paix totale sur terre y compris dans le monde animal

2. ce qui ne sera plus de l’ancien monde :

- les détresses passées seront oubliées
- il n’y aura plus de pleurs, de cris
- aucun enfant ne mourra après avoir vécu quelques jours
- il n’y aura plus de guerre, ni de destruction sur la terre

Sous le règne du Messie se réalisera le monde idéal auquel auront aspiré les hommes sans jamais y arriver.

jeudi 13 août 2009

Esaïe 65,6 à 12


Texte biblique

Voici ce que j’ai résolu par devers moi : Loin de me taire, je leur ferai porter la peine, Oui, je leur ferai porter la peine De vos crimes, dit l’Eternel, et des crimes de vos pères, Qui ont brûlé de l’encens sur les montagnes, Et qui m’ont outragé sur les collines ; Je leur mesurerai le salaire de leurs actions passées. Ainsi parle l’Eternel : Quand il se trouve du jus dans une grappe, On dit : Ne la détruis pas, Car il y a là une bénédiction ! J’agirai de même, pour l’amour de mes serviteurs, Afin de ne pas tout détruire. Je ferai sortir de Jacob une postérité, Et de Juda un héritier de mes montagnes ; Mes élus posséderont le pays, Et mes serviteurs y habiteront. Le Saron servira de pâturage au menu bétail, Et la vallée d’Acor servira de gîte au gros bétail, Pour mon peuple qui m’aura cherché. Mais vous, qui abandonnez l’Eternel, Qui oubliez ma montagne sainte, Qui dressez une table pour Gad, Et remplissez une coupe pour Meni, Je vous destine au glaive, Et vous fléchirez tous le genou pour être égorgés ; Car j’ai appelé, et vous n’avez point répondu, J’ai parlé, et vous n’avez point écouté ; Mais vous avez fait ce qui est mal à mes yeux, Et vous avez choisi ce qui me déplaît.

Réflexion

Principes directeurs du jugement de Dieu.

Le procès de Dieu envers Son peuple établi, l’Eternel, en réponse à la prière du prophète, révèle les principes directeurs qui vont guider les postures que, dans Son jugement, Il va adopter à l’égard de chacun. Car, s’il est vrai que c’est dans son ensemble que la nation toute entière s’est montrée rétive, contredisante, délibérément offensante envers Lui, loin de Dieu l’idée selon laquelle chacun doit être logé à la même enseigne et rétribué de la même manière. Au milieu même de l’apostasie qui semble générale, Dieu connaît les cœurs. Il repère de loin qui L’aime, Le craint, Le sert et qui, dans sa vanité et son orgueil, s’élève contre Lui. Il fait la distinction et mesure exactement quelle est la proportion exacte parmi le peuple de ceux qui Lui sont encore fidèles, attachés et quelle part Lui est réellement rebelle. Bien plus encore, l’Eternel souligne ici le rôle, la valeur, le poids qu’a ce que l’on pourrait appeler le reste des justes dans la décision que, dans l’optique du jugement, Dieu prend envers la nation.

Dans son livre, "l’Aube de la Rédemption", Erich Sauer met en valeur l’importance qu’a pour le monde le résidu fidèle à Dieu. "Telle est la signification des hommes pieux dans le monde. Dans le jugement, ils sont les agents de chaque nouveau commencement et témoignent de l’unité du plan salvateur de Dieu. C’est à travers ce petit troupeau que le grand salut manifeste sa cohérence et sa continuité organiques…. Deux lignes courent ainsi au travers des âges. D’une part, la maturation du grand monde en vue de la tempête du jugement ; d’autre part, la préparation du petit troupeau en vue de la délivrance. Ce peuple se dresse parmi les peuples tel un roc au sein des flots. Les portes du séjour des morts elles-mêmes ne pourront avoir raison de lui : Mat 16,18. Avec sa stabilité demeure ou tombe toute espérance pour le monde, et derrière toute espérance se dresse la fidélité du Rédempteur à son alliance."

Sachons donc bien que lorsque Dieu juge, Il le fait toujours en toute connaissance de cause, qu’après avoir évalué avec exactitude les possibilités d’espoir ou non de réforme de la situation. Ce n’est que lorsque le péché est arrivé à son comble et que Dieu ne voit plus dans la société aucune trace d’un changement, d’une conversion ou d’une repentance possible qu’Il prend Sa décision de juger. Le même principe que celui qui est appliqué pour le monde, le principe du tri, s’appliquera pour Israël au jour du Messie. Alors que ceux qui L’auront abandonné seront livrés à l’épée et au jugement, la descendance des justes entrera dans le repos et en possession de son héritage.

Que Dieu nous donne dans le temps dans lequel nous vivons une conscience aiguë de la valeur et du poids de notre rôle de juste dans ce monde !
 

mercredi 12 août 2009

Esaïe 65,1 à 5


Texte biblique

J’ai exaucé ceux qui ne demandaient rien, Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas ; J’ai dit : Me voici, me voici ! A une nation qui ne s’appelait pas de mon nom. J’ai tendu mes mains tous les jours vers un peuple rebelle, Qui marche dans une voie mauvaise, Au gré de ses pensées ; Vers un peuple qui ne cesse de m’irriter en face, Sacrifiant dans les jardins, Et brûlant de l’encens sur les briques: Qui fait des sépulcres sa demeure, Et passe la nuit dans les cavernes, Mangeant de la chair de porc, Et ayant dans ses vases des mets impurs ; Qui dit : Retire–toi, Ne m'approche pas, car je suis saint !… De pareilles choses, c'est une fumée dans mes narines, C'est un feu qui brûle toujours.

Réflexion

Réponse de Dieu à la prière du prophète : cause première de la situation d’Israël

Comme il le fait toujours suite à nos supplications devant Lui, Dieu prit la parole pour répondre à la prière ouverte du prophète pour le salut d’Israël, son peuple. Si la prière exprime souvent de notre part le ressenti et la vue du moment sur une situation, vue qui peut nous remuer jusqu’au plus profond de nous-mêmes, la réponse de Dieu souligne que c’est à partir de la vue globale des choses que le jugement et l’avis de Dieu se font. Manifestement, bien qu’Il ne soit pas insensible aux arguments apportés dans la prière puisqu’Il y répond, la vue et l’avis de Dieu sur les choses portent la marque d’une objectivité plus grande que la nôtre qui, obligatoirement, à cause de notre vue partielle de la réalité, est davantage teintée de subjectivité.

L’Eternel ne revient pas sur les noms (Père, potier) sous lesquels le prophète L’a invoqué pour le salut de Son peuple. Il ne les nie, ni ne les cautionne, bien que ce soit sur eux, ces noms, que toute la prière du prophète repose. Le problème d’Israël, semble donc dire ici le Seigneur, n’est pas de ce côté, dans la défaillance de Dieu à jouer le rôle qui est le Sien pour la nation élue, comme nous aussi nous pouvons parfois le dire ou le suggérer à Dieu dans nos prières. Il est tout entier, dit Dieu, dans le caractère rebelle, idolâtre, déficient de la conduite de la nation à Son égard. Pour en convaincre le prophète, Dieu avance deux arguments :

- le 1er tient à l’exemple que constitue pour Israël la révélation qu’Il a donné de Lui-même à des peuples en qui il n’y avait aucune disposition pour Le chercher ou L’invoquer. D’où vient donc le fait, dit en quelque sorte Dieu, que, partout dans le monde des hommes qui ne cherchaient pas Dieu, le Dieu d’Israël, L’ont trouvé, alors que le peuple de Dieu qui, par Son élection, a été choisi par Lui ne Le connaît plus ? En apportant cet argument, Esaïe pose à Israël le mystère que doit être pour lui l’Eglise dans le monde, Eglise qui confesse en Jésus-Christ, celui qu’Israël a rejeté, le Fils de Dieu et le Sauveur du monde. C’est d’ailleurs, entre autres, cet argument qui sera le moteur de l’action d’évangélisation de Paul auprès des païens afin, dit-il, quelque part d’ouvrir les yeux d’Israël : Rom 10,16 à 21.

- Le second constitue la véritable réponse à la prière du prophète. Si Israël se trouve dans la situation dans laquelle il est, point n’est dû au manque d’effort fait par Dieu pour gagner son cœur, mais à sa volonté récurrente et délibérée de lui être rebelle, ce dont Israël témoigne par ses actes et sa conduite. Manifestement Israël ne veut pas de Dieu, son Dieu. Il ne Lui dit pas de façon induite, mais il le Lui signifie de façon ouverte en ne cessant de Le provoquer ouvertement par la transgression volontaire de tous les commandements par lesquels il devrait Lui montrer sa volonté de Lui plaire.

Que peut faire Dieu face à Son peuple, un peuple qu’Il aime, mais qui, de manière délibérée, fait tout pour provoquer Sa colère ? C’est de à quoi va répondre l’Eternel dans la suite du chapitre !
 

mardi 11 août 2009

Esaïe 64


Texte biblique

Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, Les montagnes s'ébranleraient devant toi, Comme s'allume un feu de bois sec, Comme s'évapore l'eau qui bouillonne ; Tes ennemis connaîtraient ton nom, Et les nations trembleraient devant toi. Lorsque tu fis des prodiges que nous n'attendions pas, Tu descendis, et les montagnes s'ébranlèrent devant toi. Jamais on n'a appris ni entendu dire, Et jamais l'œil n'a vu qu'un autre dieu que toi Fît de telles choses pour ceux qui se confient en lui. Tu vas au–devant de celui qui pratique avec joie la justice, De ceux qui marchent dans tes voies et se souviennent de toi. Mais tu as été irrité, parce que nous avons péché ; Et nous en souffrons longtemps jusqu'à ce que nous soyons sauvés. Nous sommes tous comme des impurs, Et toute notre justice est comme un vêtement souillé ; Nous sommes tous flétris comme une feuille, Et nos crimes nous emportent comme le vent. Il n'y a personne qui invoque ton nom, Qui se réveille pour s'attacher à toi: Aussi nous as–tu caché ta face, Et nous laisses–tu périr par l'effet de nos crimes. Cependant, ô Eternel, tu es notre père ; Nous sommes l'argile, et c'est toi qui nous as formés, Nous sommes tous l'ouvrage de tes mains. Ne t'irrite pas à l'extrême, ô Eternel, Et ne te souviens pas à toujours du crime ; Regarde donc, nous sommes tous ton peuple. Tes villes saintes sont un désert ; Sion est un désert, Jérusalem une solitude. Notre maison sainte et glorieuse, Où nos pères célébraient tes louanges, Est devenue la proie des flammes ; Tout ce que nous avions de précieux a été dévasté. Après cela, ô Eternel, te contiendras–tu ? Est–ce que tu te tairas, et nous affligeras à l'excès ?

Réflexion

Poursuite de la prière du prophète :

Toujours étreint par la nostalgie du temps passé, Esaïe continue ici à exprimer les soupirs et les attentes de son cœur à l’égard de Dieu. L’absence de Dieu étant la cause première et suffisante de tous les malheurs du peuple de Dieu, qu’espérer d’autre sinon le retour de Sa présence tel qu’Israël, le peuple de Dieu, l’a connu au temps de sa naissance ? L’âme plongée dans ses souvenirs, la prière du prophète est une alternance de soupirs, de constats, d’espérance qui traduit la variété des sentiments qui l’habitent :

Soupir : Si seulement…

Nous en avons déjà parlé le chapitre précédent. Le soupir du prophète exprime ce qui, à ses yeux, représente la condition suffisante au changement de situation du peuple. Dieu avec lui, au milieu de lui, il n’y a plus de discussions, de controverses sur l’identité, la place effective et le rôle particulier du peuple de Dieu dans le monde. Dieu absent, quand bien même les faits passés en rendent témoignage, Israël est incapable par lui-même de convaincre le monde de la vérité de son élection. Il n’y a que lorsque Dieu dit quelque chose au sujet de quelqu’un que ce que cette personne dit à son sujet est vrai : Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu… : Col 1,1. C’est pourquoi Esaïe souhaite si ardemment la manifestation de Dieu : elle seule, il le sait, peut être le point final du combat d’Israël quant à sa survie et la légitimité de son existence comme peuple mis à part par Dieu au milieu des peuples.

Constats

Les constats que fait Esaïe de la situation spirituelle qui est celle d’Israël vont dans deux directions. Pensant à Dieu, le Dieu qui est celui d’Israël, Esaïe mesure l’incroyable privilège qui est celui du peuple de Dieu d’avoir un Dieu aussi proche, aussi bienveillant, aussi bien disposé que ne l’est l’Eternel pour celui qui, désireux de marcher sans Ses voies, s’attend à Lui. Quelle autre richesse peut être, en effet, plus grande que celle-ci que d’avoir l’Eternel pour Ami, l’Eternel qui, à cause de Sa grâce, nous est favorable ? Mesurons-nous suffisamment la préciosité de ce privilège, au point de considérer que, s’il y aune chose qu’il nous faut absolument préserver, c’est le trésor que constitue pour nous la bienveillance de Dieu à notre égard ? Israël, malheureusement, ne l’a pas compris. Aussi, Esaïe est-il contraint de faire un second constat. C’est, regardant Israël, celui de l’état misérable dans lequel il se trouve sur le plan moral, état qui est la conséquence directe de son péché, de son abandon de Dieu. Si le péché est une tragédie, comprenons bien qu’il l’est d’abord, non au regard des dégâts qu’il occasionne dans la vie des hommes, mais surtout au regard des richesses qu’il leur fait perdre et qui auraient pu être les leurs dans leur relation avec Dieu. La vraie perte qu’occasionne le péché n’est pas d’abord dans le mal qu’il cause en nous, mais dans le fait premier, et combien plus grave, qu’il nous prive, nous fait passer à côté des richesses que la communion avec Dieu nous réserve. Croyons bien que si Dieu n’est pas avec nous, nous pouvons avoir tout ce que nous voulons à côté, il nous manque l’essentiel !

Espérance

Dieu étant la seule vraie richesse du peuple de Dieu, quelle est, alors qu’il est éloigné de Lui, son espérance, si ce n’est, comme l’exprime ici Esaïe, le retour par grâce de celui-ci dans la relation filiale qui le lie à Lui ? C’est le soupir et la prière qu’exprime, au nom du peuple, le prophète ! Malgré le péché du peuple, Dieu va-t-Il pour toujours garder Sa colère envers lui, le rejeter, laisser son pays et le lieu de son sanctuaire dévastés ? Surtout, malgré le péché du peuple, Dieu va-t-Il laisser indéfiniment ses ennemis triompher ? Va-t-il pour toujours se taire, se contenir alors que, sous ses yeux, son héritage continue à être pillé ? C’est à ces questions que les chapitres suivant vont s’attacher à répondre !

lundi 10 août 2009

Esaïe 63,15 à 64,1


Texte biblique

Regarde du ciel, et vois, De ta demeure sainte et glorieuse : Où sont ton zèle et ta puissance ? Le frémissement de tes entrailles et tes compassions Ne se font plus sentir envers moi. Tu es cependant notre père, Car Abraham ne nous connaît pas, Et Israël ignore qui nous sommes ; C’est toi, Eternel, qui es notre père, Qui, dès l’éternité, t’appelles notre sauveur. Pourquoi, ô Eternel, nous fais–tu errer loin de tes voies, Et endurcis–tu notre cœur contre ta crainte ? Reviens, pour l'amour de tes serviteurs, Des tribus de ton héritage ! Ton peuple saint n’a possédé le pays que peu de temps ; Nos ennemis ont foulé ton sanctuaire. Nous sommes depuis longtemps comme un peuple que tu ne gouvernes pas, Et qui n'est point appelé de ton nom… Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, Les montagnes s'ébranleraient devant toi...

Réflexion

Prière, interrogation et souhait :

Nostalgique de ce passé heureux marqué tout entier par la proximité de Dieu, le prophète exprime ce qu’est, en son temps la prière, le questionnement et le souhait du peuple désireux de renouer avec Lui. Car, redisons-le, pour celui qui a connu et goûté à Sa présence, rien, aucune expérience dans ce monde ne peut rivaliser en terme de bien-être au ressenti vécu dans la communion avec Lui. Aussi, plus qu’à une quelconque bénédiction, c’est au retour du vécu de celle-ci que, du fond de son cœur, le prophète aspire et pour lequel il prie et interpelle Dieu.

S’il espère être entendu, Esaïe le sait, ce n’est nullement et nulle part en raison de ce qu’est le peuple en lui-même. Aussi, ce qui motive le prophète à prier, ce n’est pas d’abord ce que le peuple est pour Dieu, mais encore et toujours, et c’est la toute la vérité sur laquelle repose le principe de la grâce, ce que Dieu est pour Son peuple. Oui ! Quelle que soit la mesure de la grâce dont nous sommes l’objet, rappelons-nous le : c’est en vertu de ce que Dieu est en Christ (notre Père et notre Rédempteur) pour nous, Ses enfants, que le retour à la bénédiction qu’est Sa communion et Sa présence dans nos vies est possible !

Convaincu de cette réalité, la prière toute entière d’Esaïe se trouve ici être dans son contenu la même que, à plusieurs reprises, l’appel lancé par Dieu à Son peuple par les prophètes. Après le péché, pour que notre relation avec Dieu soit rétablie, il nous est autant nécessaire de revenir à Lui que Lui de revenir à nous. Notons bien que, s’Il le voulait, Dieu pourrait faire le choix de rester éloigné de nous. C’est d’ailleurs parce qu’il semble le faire qu’Esaïe prie et, en quelque sorte, demande à Dieu de revenir sur Sa position. Comment le peuple de Dieu, même repentant, pourrait-il retrouver sa force, sa joie, sa santé si Dieu refuse de renouer avec lui, de lui accorder Sa faveur. Tel est le sens ici des questions angoissées d’Esaïe !

Le prophète termine sa prière par l’expression d’un souhait fou, le souhait qui, définitivement, mettrait fin à toutes les tergiversations qui ont caractérisé la marche passée du peuple. " Si seulement tu déchirais le ciel et tu descendais, ô Dieu… ! " En cette fin des siècles dans laquelle nous nous trouvons, la prière du prophète rejoint celle de l’Eglise : Apoc 22,20 et celle que Jésus, au temps de Son humanité, enseigna à Ses disciples : Mat 6,10. Si la demande d’Esaïe paraît un souhait fou, elle est aujourd’hui pour nous une promesse certaine. Dieu l’ayant accompli déjà une fois par l’envoi de Son Fils la réalisera une seconde fois lors de Son retour : Hébr 9,28. Que ce jour, ô Dieu, vienne bientôt !

dimanche 9 août 2009

Esaïe 63,7 à 14


Texte biblique

Je publierai les grâces de l’Eternel, les louanges de l’Eternel, D’après tout ce que l’Eternel a fait pour nous ; Je dirai sa grande bonté envers la maison d’Israël, Qu’il a traitée selon ses compassions et la richesse de son amour. Il avait dit : Certainement ils sont mon peuple, Des enfants qui ne seront pas infidèles ! Et il a été pour eux un sauveur. Dans toutes leurs détresses ils n'ont pas été sans secours, Et l'ange qui est devant sa face les a sauvés ; Il les a lui–même rachetés, dans son amour et sa miséricorde, Et constamment il les a soutenus et portés, aux anciens jours. Mais ils ont été rebelles, ils ont attristé son esprit saint ; Et il est devenu leur ennemi, il a combattu contre eux. Alors son peuple se souvint des anciens jours de Moïse : Où est celui qui les fit monter de la mer, Avec le berger de son troupeau ? Où est celui qui mettait au milieu d’eux son esprit saint ; Qui dirigea la droite de Moïse, Par son bras glorieux ; Qui fendit les eaux devant eux, Pour se faire un nom éternel ; Qui les dirigea au travers des flots, Comme un coursier dans le désert, Sans qu’ils bronchassent ? Comme la bête qui descend dans la vallée, L’esprit de l’Eternel les a menés au repos. C’est ainsi que tu as conduit ton peuple, Pour te faire un nom glorieux.

Réflexion

Déception et aspiration
Une nouvelle fois, dans le contexte de cette colère à venir, le prophète passe et repasse devant ses yeux la texture du drame qui constitue l’arrière-plan de la relation saccadée et tumultueuse de Dieu au cours des siècles avec Son peuple. Esaïe rappelle pour commencer les actes de Dieu envers Son peuple, actes qui, tous, témoignent des dispositions qui L’habitent envers lui. Tout est là, rappelle Esaïe, pour dire, témoigner de Sa fidélité, Son amour, de Sa parfaite identification à lui, à leur parcours, leur situation dans ce monde. Combien de fois , en effet, Dieu ne les a-t-Il pas sauvés, secourus, protégés, alors que sans Lui ils allaient à une mort certaine ! Il a, rappelle Esaïe, tout partagé avec eux : leurs souffrances, leurs détresses… Plus encore, trait et caractéristique de l’amour mis en avant par l’apôtre Paul, l’attitude de Dieu à l’égard de Son peuple témoigne de la confiance qu’Il avait aussi en lui, sa certitude, son honnêteté, la vérité de son amour et de son attachement pour Lui. Rempli d’amour pour eux, le cœur de Dieu était incapable de soupçonner le mal chez celui qui en était l’objet : 1 Cor 13,6.

La déception de Dieu, au regard de la manière avec laquelle Son peuple a répondu à Sa sollicitude, est à la mesure de cet amour qu’Il a manifesté à son égard. Car, malgré toutes les marques d’attention et les preuves d’affection dont Israël a été l’objet, le peuple n’a répondu en rien à l’attente de Dieu. Au contraire ! Ils se sont montrés, dit Esaïe, à Son égard si décevants que Dieu Lui-même, d’ami qu’Il était s’est changé en ennemi !

Est-ce à dire pour autant que le fruit de l’amour, semé dans leurs cœurs, soit resté sans fruit ? Non ! Car après suivi sa propre voie, le peuple de Dieu, victime première, tel le fils prodigue de la parabole, de sa rébellion, est soudainement saisi de nostalgie : Luc 15,17. Privé de la bénédiction et des bienfaits dont il jouissait lorsque l’Eternel avec lui, Israël se souvient des jours d’autrefois, du temps où, aux jours de Moïse, Dieu, comme un berger, marchait avec Lui, assurant sa protection et le conduisant lui-même dans les lieux de son repos. On peut, pour un temps, comme le peuple de Dieu, oublier l’amour de Dieu ! Mais, sachons-le : rien dans ce monde ne peut en termes de bonheur, de satisfaction, d’apport et de plénitude, rivaliser avec lui. Si l’amour de Dieu ne suffit pas pour nous attacher à Lui, les effets de sa perte sont le meilleur argument pour nous amener à revenir à Lui. Que dans nos cœurs la soif d’être avec Lui soit, en tout temps, le moteur de notre recherche de Sa présence !

samedi 8 août 2009

Esaïe 63,1 à 6


Texte biblique

Qui est celui–ci qui vient d'Edom, De Botsra, en vêtements rouges, En habits éclatants, Et se redressant avec fierté dans la plénitude de sa force ? –C'est moi qui ai promis le salut, Qui ai le pouvoir de délivrer. – Pourquoi tes habits sont–ils rouges, Et tes vêtements comme les vêtements de celui qui foule dans la cuve ? – J’ai été seul à fouler au pressoir, Et nul homme d’entre les peuples n’était avec moi ; Je les ai foulés dans ma colère, Je les ai écrasés dans ma fureur ; Leur sang a jailli sur mes vêtements, Et j’ai souillé tous mes habits. Car un jour de vengeance était dans mon cœur, Et l’année de mes rachetés est venue. Je regardais, et personne pour m’aider ; J’étais étonné, et personne pour me soutenir ; Alors mon bras m’a été en aide, Et ma fureur m’a servi d’appui. J’ai foulé des peuples dans ma colère, Je les ai rendus ivres dans ma fureur, Et j’ai répandu leur sang sur la terre.

Réflexion

Le jour de la vengeance

Si la vision qu’a eu Esaïe de Sion au jour du Seigneur l’a transporté d’enthousiasme, celle-ci n’est cependant qu’une partie de la réalité qui s’accomplira en ce jour. En effet, si la venue du jour du Seigneur est synonyme de salut et de délivrance pour les Siens, elle est aussi, l’Eternel l’a maintes fois dites par Esaïe et d’autres prophètes : Esaïe 61,2 ; Joël 2,1 à 11, le jour de Sa vengeance et de Sa colère. Aussi, regardant vers la frontière d’Edom, le frère ennemi, le Messie qu’Esaïe voit venir ne respire pas la paix, mais la guerre. Car pour sauver Son peuple et établir Son règne, le Messie doit auparavant accomplir une œuvre terrible, inouïe : l’œuvre de purification du monde par la colère. Or, le Messie le dit ici : de même que Lui seul pouvait accomplir l’œuvre de purification de nos péchés par Son sang, Lui seul a la légitimité de fouler les peuples dans la cuve de la grande colère de Dieu. Sans effusion de sang, nous rappelle l’épître aux hébreux, il n’y a pas de pardon : Hébr 9,22. Il était donc nécessaire que, pour assurer l’expiation de nos péchés, le sang de Christ soit versé. Jésus, nous dit Jean, est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde : Jean 1,29. Couverts par le sang de Christ, les élus n’ont donc rien à craindre de la colère de Dieu : leur salut et l’expiation de leurs fautes leurs sont acquis. Il n’en est cependant pas de même pour ceux qui, comme en Egypte au temps de Moïse, ne sont pas couverts pat le sang de l’agneau du sacrifice. Le péché réclamant la mort du coupable, c’est par leur propre sang que les ennemis de Dieu paieront, tôt ou tard, le prix de leurs fautes. Si au jour de Sa première venue, le sang de Christ a sali Ses vêtements pour nous, c’est rouge du sang de Ses victimes que le Christ paraîtra au jour de Son règne !

Pour les pécheurs que nous sommes, il n’existe face à Dieu que deux alternatives possibles : soit nous nous approchons de Lui, couverts par le sang de Christ, soit c’est le Christ qui vient couvert du sang des rebelles. Dans les deux cas, la justice de Dieu est satisfaite, à notre avantage ou à nos dépens. Libre à nous de choisir dans quelle situation nous serons au jour de Sa venue !

vendredi 7 août 2009

Esaïe 62


Texte biblique

Pour l’amour de Sion je ne me tairai point, Pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos, Jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore, Et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume. Alors les nations verront ton salut, Et tous les rois ta gloire ; Et l’on t’appellera d’un nom nouveau, Que la bouche de l’Eternel déterminera. Tu seras une couronne éclatante dans la main de l’Eternel, Un turban royal dans la main de ton Dieu. On ne te nommera plus délaissée, On ne nommera plus ta terre désolation ; Mais on t’appellera mon plaisir en elle, Et l’on appellera ta terre épouse ; Car l’Eternel met son plaisir en toi, Et ta terre aura un époux. Comme un jeune homme s’unit à une vierge, Ainsi tes fils s’uniront à toi ; Et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, Ainsi tu feras la joie de ton Dieu. Sur tes murs, Jérusalem, j’ai placé des gardes ; Ils ne se tairont ni jour ni nuit. Vous qui la rappelez au souvenir de l’Eternel, Point de repos pour vous ! Et ne lui laissez aucun relâche, Jusqu’à ce qu’il rétablisse Jérusalem Et la rende glorieuse sur la terre. L’Eternel l’a juré par sa droite et par son bras puissant : Je ne donnerai plus ton blé pour nourriture à tes ennemis, Et les fils de l’étranger ne boiront plus ton vin, Produit de tes labeurs ; Mais ceux qui auront amassé le blé le mangeront Et loueront l’Eternel, Et ceux qui auront récolté le vin le boiront, Dans les parvis de mon sanctuaire. Franchissez, franchissez les portes ! Préparez un chemin pour le peuple ! Frayez, frayez la route, ôtez les pierres ! Elevez une bannière vers les peuples ! Voici ce que l’Eternel proclame aux extrémités de la terre : Dites à la fille de Sion : Voici, ton sauveur arrive ; Voici, le salaire est avec lui, Et les rétributions le précèdent. On les appellera peuple saint, rachetés de l’Eternel ; Et toi, on t’appellera recherchée, ville non délaissée.

Réflexion

Le bonheur futur de Jérusalem : objet de l’enthousiasme du prophète

Subjugué par la vision de Jérusalem à l’heure de sa gloire et de son rayonnement maximal sur le monde, Esaïe ne peut contenir l’enthousiasme qui le saisit. Pour qui aime la ville de Dieu et connaît toutes les déconvenues qu’au cours des siècles elle a connu, la joie, l’enthousiasme dont témoigne le prophète ne peuvent être que partagés. Car s’il y a bien une ville sur laquelle, au cours de l’histoire, on ne parierait pas pour l’avenir comme capitale du monde, c’est bien Jérusalem, à la fois délaissée par Dieu à cause du péché de son peuple, et dévastée par ses ennemis. Mais Dieu le promet ici : Jérusalem rétablie, ce temps est désormais fini. Destinée dès l’origine à être la ville du grand Roi, le lieu à partir duquel Sa lumière rayonnera sur le monde, Jérusalem, née en quelque sorte de nouveau, accomplira sa vocation. Car, quoi que l’homme fasse pour faire obstacle et différer le plan de Dieu, il est impossible qu’à terme celui-ci ne se réalise pas !

Quels sont les changement durables qui s’opéreront pour Jérusalem en ce temps ? Esaïe en discerne plusieurs :

Bien que s’appelant toujours Jérusalem, un nom nouveau traduisant ce que, à cause du Seigneur, elle est pour le monde, lui sera donnée. Jérusalem ne sera plus ce qu’elle est aujourd’hui : une source de conflit, une pierre pesante et d’achoppement pour les peuples : Zach 12,3. Elle sera reconnue par tous comme la Ville dans laquelle il a plu à Dieu, au travers de Son Oint, d’habiter. Couronne splendide, turban royal, perle du monde ou encore l’Epousée ou plaisir de Dieu : tels pourraient être les noms sous lesquels, partout dans le monde, on la désigne !

Contrairement à ce qui s’est produit à multiples reprises dans le passé, le peuple de Dieu, dit Esaïe, ne travaillera plus et ne se fatiguera plus pour les autres. Ceux qui sèmeront leur blé dans le pays, le récolteront aussi et le mangeront. Le temps de l’oppression sera pour toujours fini et Jérusalem pourra être ce que son nom dit qu’elle est : la ville de la paix.

Face à cette perspective, Esaïe toujours subjugué communique à son peuple deux appels qui, à son goût, devraient traduire en eux les aspirations que suscite la vision :

1er appel : v 6 et 7 : l’appel à la prière. La vision étant certaine, le peuple de Dieu devrait prier avec insistance jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse. Se faisant, Esaïe nous indique de manière claire ce qui est à la source de la prière persévérante : non pas une insistance pour obtenir ce que nous voulons, mais le désir passionné de voir ce que Dieu a dit qu’Il ferait se réaliser.

2ème appel : v 10 à 12 : la proclamation au peuple de Dieu dispersé dans le monde entier de la bonne nouvelle de son rachat. La captivité est finie, le peuple de Dieu peux rentrer à la maison. Cette proclamation est aussi celle dont Jésus, notre Seigneur, a chargé les Siens avant Son départ !

Quelle que soit la vision que Dieu nous donne de ce qu’Il va faire dans l’avenir, celle-ci ne peut et ne doit jamais nous laisser les bras ballants. Nous sommes ouvriers avec Dieu et, si c’est Lui seul qui a le pouvoir d’accomplir ce qu’Il a en vue, Il désire nous associer à ce qu’Il projette de faire. Que Dieu nous donne jusqu’au bout d’être actif dans le champ de Dieu !

jeudi 6 août 2009

Esaïe 61


Texte biblique

L’esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, Car l’Eternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance ; Pour publier une année de grâce de l’Eternel, Et un jour de vengeance de notre Dieu ; Pour consoler tous les affligés ; Pour accorder aux affligés de Sion, Pour leur donner un diadème au lieu de la cendre, Une huile de joie au lieu du deuil, Un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu, Afin qu’on les appelle des térébinthes de la justice, Une plantation de l’Eternel, pour servir à sa gloire. Ils rebâtiront sur d’anciennes ruines, Ils relèveront d’antiques décombres, Ils renouvelleront des villes ravagées, Dévastées depuis longtemps. Des étrangers seront là et feront paître vos troupeaux, Des fils de l’étranger seront vos laboureurs et vos vignerons. Mais vous, on vous appellera sacrificateurs de l’Eternel, On vous nommera serviteurs de notre Dieu ; Vous mangerez les richesses des nations, Et vous vous glorifierez de leur gloire. Au lieu de votre opprobre, vous aurez une portion double ; Au lieu de l’ignominie, ils seront joyeux de leur part ; Ils posséderont ainsi le double dans leur pays, Et leur joie sera éternelle. Car moi, l’Eternel, j’aime la justice, Je hais la rapine avec l’iniquité ; Je leur donnerai fidèlement leur récompense, Et je traiterai avec eux une alliance éternelle. Leur race sera connue parmi les nations, Et leur postérité parmi les peuples ; Tous ceux qui les verront reconnaîtront Qu’ils sont une race bénie de l’Eternel. Je me réjouirai en l’Eternel, Mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu ; Car il m’a revêtu des vêtements du salut, Il m’a couvert du manteau de la délivrance, Comme le fiancé s’orne d’un diadème, Comme la fiancée se pare de ses joyaux. Car, comme la terre fait éclore son germe, Et comme un jardin fait pousser ses semences, Ainsi le Seigneur, l’Eternel, fera germer le salut et la louange, En présence de toutes les nations.

Réflexion

L’envoyé du Seigneur et sa mission

La gloire future à laquelle est appelée Jérusalem est et a toujours été, pour ceux qui étaient habités par la foi et l’espérance juive, le ou l’un des sujets premiers de leur attente. Il est cependant impossible que cette gloire future, qui est certaine, ne soit dissociée de l’œuvre de grâce du messie, dont elle sera le fruit. Aussi longtemps que Jérusalem et Israël seront tenus éloignés de Celui qui leur a été envoyé, ils leur seront impossible, quels que soient les plans de paix conçus et préparés par les hommes, d’une part de la connaître véritablement, d’autre part, de vivre la réalisation des promesses glorieuses de Dieu à leur sujet. Aussi, c’est tout naturellement qu’après avoir évoqué la gloire à laquelle est destinées Jérusalem dans l’avenir, le prophète rattache cette vision à l’œuvre de grâce, de libération et de restauration accomplie par le Messie.

Bien que la totalité des effets de cette œuvre soit encore devant nous, les Evangiles indiquent clairement que le commencement en a été entamé par Jésus lors de Sa première venue : Luc 4,18 à 21. De façon savante et précise, Jésus, citant dans le temple le début de la prophétie d’Esaïe, l’affirme : par le fait qu’Il est, Lui, au milieux d’eux, les juifs, la prophétie d’Esaïe sur les effets de l’œuvre du Messie pour Israël a commencé de s’accomplir. Jésus s’étant arrêté à une proposition précise, on peut en déduire que, si ce qu’il vient de citer se réalise au moment de Sa première venue, c’est tout le reste qui s’accomplit lors de Sa venue en gloire.

1. Les effets de l’oeuvre du Messie lors de Sa première venue : v 1 et 2a

Revêtu de l’Esprit de Dieu, le Christ est venu la première fois pour :
- apporter une bonne nouvelles aux pauvres
- panser ceux qui ont le cœur brisé
- proclamer aux captifs (du péché) leur libération
- proclamer pour le Seigneur une année de grâce

Cette partie de la mission du Messie, définie par Jésus Lui-même comme étant celle qui est liée à Sa première venue, résume le message dont nous sommes encore aujourd’hui, en tant que témoins du Christ, les porteurs. C’est pour cette bonne nouvelle que nous avons été appelés en tant qu’Eglise à être au service du Christ dans le monde.

Bien qu’étant première et prépondérante, la proclamation de la bonne nouvelle et de l’année de la grâce qu’inaugure Jésus par Sa venue, ne constitue cependant pas la totalité des œuvres liées à la venue du Messie. Jésus s’étant arrêté aux premières propositions de la prophétie d’Esaïe pour dire ce que Sa venue en chair allait réaliser, c’est lors de Sa seconde venue que s’accomplira ce qui doit encore l’être.

2. les effets de l’œuvre du Messie lors de sa seconde venue : v 2b à 9

Revêtu de l’Esprit de Dieu dans Sa plénitude, le Christ viendra la seconde fois pour :
- proclamer un jour de vengeance de la part de Dieu : après le temps de la grâce, la seconde venue de Christ inaugurera le temps de la colère pour tous ceux qui seront resté parmi les peuples rebelles et ennemis de Dieu
- rétablir Sion :
a. en consolant premièrement le peuple qui y habite de toutes les peines, deuils, souffrances vécues
b. en restaurant pratiquement le pays et les villes dévastées autrefois par la guerre et la multiplicité des conflits
c. en faisant que, au lieu d’être leurs oppresseurs, les gens des nations deviennent leurs serviteurs
d. en assurant leur sécurité au travers d’une alliance perpétuelle qui feront d’eux une descendance reconnue par tous comme bénie par le Seigneur

Telle la mariée, au jour de son mariage, le peuple de Dieu, autrefois dans le deuil et l’oppression, pourra en ce jour librement éclater sa joie pour la salut et la justice dont il est l’objet aux yeux de toutes les nations : v 10 et 11. Ce salut et cette justice sont aussi ceux que, par la foi, avant eux, le Christ nous a acquis. Que la joie qui, un jour, éclatera en Israël, rayonne déjà sur nos visages de manière à ce que ceux qui ne Le connaissent pas voient en nous, de manière concrète, la joie qui émane de son salut, la joie avenir de tous les peuples !

mercredi 5 août 2009

Esaïe 60,4 à 22


Texte biblique

Porte tes yeux alentour, et regarde : Tous ils s’assemblent, ils viennent vers toi ; Tes fils arrivent de loin, Et tes filles sont portées sur les bras. Tu tressailliras alors et tu te réjouiras, Et ton cœur bondira et se dilatera, Quand les richesses de la mer se tourneront vers toi, Quand les trésors des nations viendront à toi. Tu seras couverte d’une foule de chameaux, De dromadaires de Madian et d’Epha ; Ils viendront tous de Séba ; Ils porteront de l’or et de l’encens, Et publieront les louanges de l’Eternel. Les troupeaux de Kédar se réuniront tous chez toi ; Les béliers de Nebajoth seront à ton service ; Ils monteront sur mon autel et me seront agréables, Et je glorifierai la maison de ma gloire. Qui sont ceux–là qui volent comme des nuées, Comme des colombes vers leur colombier ? Car les îles espèrent en moi, Et les navires de Tarsis sont en tête, Pour ramener de loin tes enfants, Avec leur argent et leur or, A cause du nom de l’Eternel, ton Dieu, Du Saint d’Israël qui te glorifie. Les fils de l’étranger rebâtiront tes murs, Et leurs rois seront tes serviteurs ; Car je t’ai frappée dans ma colère, Mais dans ma miséricorde j’ai pitié de toi. Tes portes seront toujours ouvertes, Elles ne seront fermées ni jour ni nuit, Afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations, Et leurs rois avec leur suite. Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront, Ces nations–là seront exterminées. La gloire du Liban viendra chez toi, Le cyprès, l’orme et le buis, tous ensemble, Pour orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds. Les fils de tes oppresseurs viendront s’humilier devant toi, Et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds ; Ils t’appelleront ville de l’Eternel, Sion du Saint d’Israël. Au lieu que tu étais délaissée et haïe, Et que personne ne te parcourait, Je ferai de toi un ornement pour toujours, Un sujet de joie de génération en génération. Tu suceras le lait des nations, Tu suceras la mamelle des rois ; Et tu sauras que je suis l’Eternel, ton sauveur, Ton rédempteur, le puissant de Jacob. Au lieu de l’airain je ferai venir de l’or, Au lieu du fer je ferai venir de l’argent, Au lieu du bois, de l’airain, Et au lieu des pierres, du fer ; Je ferai régner sur toi la paix, Et dominer la justice. On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, Ni de ravage et de ruine dans ton territoire ; Tu donneras à tes murs le nom de salut, Et à tes portes celui de gloire. Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, Ni la lune qui t’éclairera de sa lueur ; Mais l’Eternel sera ta lumière à toujours, Ton Dieu sera ta gloire. Ton soleil ne se couchera plus, Et ta lune ne s’obscurcira plus ; Car l’Eternel sera ta lumière à toujours, Et les jours de ton deuil seront passés. Il n’y aura plus que des justes parmi ton peuple, Ils posséderont à toujours le pays ; C’est le rejeton que j’ai planté, l’œuvre de mes mains, Pour servir à ma gloire. Le plus petit deviendra un millier, Et le moindre une nation puissante. Moi, l’Eternel, je hâterai ces choses en leur temps.

Réflexion

Jérusalem, phare des nations

S’il y a un jour qui, dans la vie d’une jeune fille, est un jour exceptionnel, c’est sans aucun doute le jour du mariage. D’anonyme ou de commune qu’elle était jusque là, la jeune fille est, en ce jour, l’objet de tous les regards et de toutes les attentions. En ce jour là, tous ceux qui se réunissent autour d’elle n’ont qu’un désir : partager avec elle la joie qui est la sienne. Tous viennent pour la lui signifier de différentes manières : mots gentils, attentions diverses, cadeaux offerts… Ce qu’est pour une fiancée le jour du mariage est et sera pour Jérusalem, dit et annonce l’Eternel, le jour de la royauté de son Messie au milieu d’elle. En ce jour, d’un instant à l’autre, le statut de Jérusalem au milieu des nations changera du tout au tout. Comblée, Jérusalem vivra, de nouveauté en nouveauté et de joie en joie, ce que jamais au cours de son histoire, elle n’aura connu jusque là.. Décompte de ces joies et nouveautés qui, en ce jour feront à la fois le bonheur et la gloire, sous l’effet de la royauté du Messie, de la capitale de toute la terre :

1ère nouveauté : le retour en masse de ses fils et de ses filles, encore dispersés parmi toutes les nations. Commencé dès la fin du temps des nations, mais demeuré partiel, le phénomène de retour des fils et des filles d’Israël sur leurs terres se parachèvera ici sous l’impulsion des nations qui rivaliseront de moyens pour l’accomplir. Les enfants d’Israël seront portés sur les hanches, comme une mère porte son enfant. Ils voleront dans les airs comme une colombe retournant vers son colombier ou reconduits par bateaux entiers vers leur port d’attache.

2ème nouveauté : comme au temps de Salomon dans sa gloire, les nations afflueront vers la ville sainte pour rencontrer le Messie et Lui apporter leur hommage. Jérusalem verra alors les richesses des nations venir à elle en louange au Dieu qui sera au milieu d’elle. Il n’y aura alors qu’un seul culte auquel contribuera, par leurs sacrifices, les troupeaux de tous les peuples qui, jusqu’alors, lui étaient hostiles. Des étrangers viendront pour rebâtir Jérusalem, ses murailles et donner de la splendeur à son temple.

3ème nouveauté : alors qu’elle verra affluer vers elle la richesse et les ressources des nations, Jérusalem sera jour et nuit une ville ouverte. Elle n’aura désormais plus rien à craindre pour sa sécurité, car le royaume ou la nation qui refusera de la servir sera immédiatement anéanti. Tous ceux qui jusqu’alors la méprisaient et faisaient preuve d’arrogance agressive envers elle viendront, à cause du Seigneur qui siégera au milieu d’elle, s’humilier devant elle et reconnaîtront en elle la ville du grand Roi.. Alors que c’est monnaie courant aujourd’hui et chose quotidienne, plus aucune mauvaise nouvelle ne viendra faire l’actualité du monde venant de Jérusalem.

4ème nouveauté : il n’y aura parmi le peuple qui habitera à Jérusalem plus aucun injuste. Si la paix régnera à Jérusalem, c’est parce que la justice y habitera. La royauté du Messie et Jérusalem seront, de toute l’histoire, le seul lieu et moment où richesses, gloire et justice se côtoieront sans que jamais l’une porte en aucune manière préjudice à l’autre. Ce seront eux les justes de Jérusalem qui assureront à la fois la paix et la domination dans le monde entier, paix que, avant eux, sans succès, les nations, par la force et leur système dominé par l’esprit du mal, n’auront jamais pu assurer.

5ème nouveauté : il n’y aura plus besoin à Jérusalem de soleil et de lune pour l’éclairer. car le Seigneur Lui-même sera sa lumière, son flambeau. Si Jérusalem est appelé à un avenir terrestre glorieux, l’Ecriture nous montre que son destin dépasse cependant largement le cadre de la terre. C’est pour l’éternité que Jérusalem est appelé à être la ville de Dieu et de Son peuple : Apoc 21,9 à 27.

Que Son règne vienne et que, bientôt, Sa volonté soit faite sur terre comme au ciel !
 

mardi 4 août 2009

Esaïe 60,1 à 3


Texte biblique

Lève–toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, Et la gloire de l'Eternel se lève sur toi. Voici, les ténèbres couvrent la terre, Et l’obscurité les peuples ; Mais sur toi l’Eternel se lève, Sur toi sa gloire apparaît. Des nations marchent à ta lumière, Et des rois à la clarté de tes rayons.

Réflexion

Jérusalem : le lieu où la lumière se lève

Alors que des ténèbres épaisses recouvrent encore les peuples, c’est sur Jérusalem, la première, que se lève, dans l’ère nouvelle qui pointe pour toute la terre, sous la houlette du rédempteur, la lumière de la gloire de Dieu. Avec le règne du Messie, l’heure est aussi venue pour Israël et sa capitale Jérusalem d’être ce que Dieu a voulu et choisi qu’ils soient dès l’origine par la vocation particulière à laquelle Il les a destiné : être à la fois lumière et tête des nations. Jérusalem, dans les derniers temps, sera donc de toutes les parties. Lieu final de l’expression, dans son paroxysme, de l’hostilité des peuples contre Dieu, Jérusalem deviendra, immédiatement après, le lieu à partir duquel le rayonnement de la gloire de Dieu s’étendra sur tous les peuples. Jérusalem clora ainsi le temps des nations et ouvrira le temps de la royauté du Messie. Que, par la grâce de Dieu ce jour vienne bientôt !

lundi 3 août 2009

Esaïe 59,16 à 21


Texte biblique

Il voit qu’il n’y a pas un homme, Il s’étonne de ce que personne n’intercède ; Alors son bras lui vient en aide, Et sa justice lui sert d’appui. Il se revêt de la justice comme d’une cuirasse, Et il met sur sa tête le casque du salut ; Il prend la vengeance pour vêtement, Et il se couvre de la jalousie comme d’un manteau. Il rendra à chacun selon ses œuvres, La fureur à ses adversaires, La pareille à ses ennemis ; Il rendra la pareille aux îles. On craindra le nom de l’Eternel depuis l’occident, Et sa gloire depuis le soleil levant ; Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, L’esprit de l’Eternel le mettra en fuite. Un rédempteur viendra pour Sion, Pour ceux de Jacob qui se convertiront de leurs péchés, Dit l’Eternel. Voici mon alliance avec eux, dit l’Eternel: Mon esprit, qui repose sur toi, Et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche, Ne se retireront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, Ni de la bouche des enfants de tes enfants, Dit l’Eternel, dès maintenant et à jamais.

Réflexion

Dieu rétablit la justice :

Le constat de l’état moribond d’Israël établi, la question se pose : d’où peut venir la force capable de restaurer la nation, de la relever, de faire que les vertus qui assurent sa bonne santé morale et sociale puissent être de nouveau actives et présentes en son sein. Dieu répond ici ! Quel que soit le niveau de réformation ou de restauration en droit, en justice ou en équité dont a besoin une nation, il est impossible que ce soit de son corps malade que surgissent les ressources nécessaires à son rétablissement. C’est de Dieu seul, Lui dont la nature n’est, ne peut être et ne sera jamais affectée par la corruption, que peut venir la guérison complète et totale des nations comme d’Israël. L’Eternel le dit ici : il a beau faire le tour d’Israël et regarder. Il ne voit aucun homme, personne qui puisse, par son attitude, son zèle, sa détermination, ses entreprises, représenter un sujet d’espoir et d’avenir pour la restauration de Son peuple. Ne les trouvant pas en l’homme, il ne reste à Dieu qu’une seule solution, qu’une seule alternative pour assurer le salut de Son peuple : c’est que Lui-même agisse.

Alors que nous sommes à l’aube de l’irruption d’un ordre nouveau, sensé apporter au monde ce que l’ordre ancien, essoufflé, n’est plus en mesure de lui apporter, les paroles que nous lisons ici, d’une étrange actualité, résonnent comme un avertissement. Comment, en effet, d’une corps malade, corrompu, gangrené jusqu’à l’os par les métastases du péché, pourrait-il sortir les ressources lui permettant de retrouver sa santé et sa vitalité ? Il n’y a là de nouveau que source trompeuse et illusion. C’est de Dieu seul, l’Incorruptible, que peut venir et viendra le salut du monde ! Ce n’est, montre bien ici Esaïe, qu’en s’appuyant sur ce qu’Il possède en Lui-même que Dieu sauve et guérit le monde. C’est ce salut et cette action de Dieu, qui prend sa source en Lui et apporte au monde ce qui vient de Lui, en laquelle nous mettons notre espoir. Attention cependant ! Car si l’oeuvre de Dieu a pour finalité le salut et la restauration du monde, elle passe aussi quelque part par le jugement et le passage du feu et du souffle de la destruction de tout ce qui le pourrit et le conduit à sa désagrégation.

Israël, le premier, sera l’objet de la rédemption de Dieu. Se faisant, il deviendra, par Lui, pour le monde, le pôle d’attraction et le canal que, par sa vocation, il aurait du être et n’a jamais été !
 

dimanche 2 août 2009

Esaïe 59,9 à 15


Texte biblique

C’est pourquoi l’arrêt de délivrance est loin de nous, Et le salut ne nous atteint pas ; Nous attendons la lumière, et voici les ténèbres, La clarté, et nous marchons dans l’obscurité. Nous tâtonnons comme des aveugles le long d’un mur, Nous tâtonnons comme ceux qui n’ont point d’yeux ; Nous chancelons à midi comme de nuit, Au milieu de l’abondance nous ressemblons à des morts. Nous grondons tous comme des ours, Nous gémissons comme des colombes ; Nous attendons la délivrance, et elle n’est pas là, Le salut, et il est loin de nous. Car nos transgressions sont nombreuses devant toi, Et nos péchés témoignent contre nous ; Nos transgressions sont avec nous, Et nous connaissons nos crimes. Nous avons été coupables et infidèles envers l’Eternel, Nous avons abandonné notre Dieu ; Nous avons proféré la violence et la révolte, Conçu et médité dans le cœur des paroles de mensonge ; Et la délivrance s’est retirée, Et le salut se tient éloigné ; Car la vérité trébuche sur la place publique, Et la droiture ne peut approcher. La vérité a disparu, Et celui qui s'éloigne du mal est dépouillé. –L'Eternel voit, d'un regard indigné, Qu'il n'y a plus de droiture.

Réflexion

Conséquences et confessions

Si, pour un temps, le fait de vivre dans le péché plonge ceux qui s’y adonnent dans une sorte d’inconscience les rendant aveugles sur les effets à long terme de leur situation, l’heure vient cependant où, comme le fils prodigue : Luc 15,17, il faut se réveiller et réaliser où nos chemins nous ont conduit. C’est ce qui se produit ici. C’est l’heure alors de faire le bilan de sa situation et, partant de cela, d’en reconnaître les causes profondes et de les confesser à Dieu. Le péché portant en lui-même sa propre sentence envers celui qui le commet, c’est le moyen premier que Dieu utilise pour affliger ses auteurs et les pousser ainsi à revenir à Lui.

Le constat que dresse le peuple sur sa situation est éloquent. Il traduit pour nous tous les effets que, inévitablement, le péché entraîne dans son sillage sur le plan aussi bien personnel que communautaire. Ce sont :

- l’injustice. Il est en effet impossible que la justice règne là où le péché domine. Aussi le peuple qui s’éloigne de Dieu doit le savoir : s’éloigner de Lui, c’est fatalement quitter le droit et entrer dans une société où, seul, le profit compte. Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes lorsque, délaissant Dieu, nous souffrons ensuite, sur le plan de la communauté, de l’injustice.

- les ténèbres : ils sont la conséquence directe de l’injustice. Comment en effet une société dominée par l’injustice, ayant renié Celui qui est la source du droit, pourrait-elle avoir l’intelligence pour trouver les solutions dont elle a besoin pour résoudre ses problèmes internes.
l’insatisfaction et le mécontentement : ils sont l’aboutissement inévitable, comme on le voit aujourd’hui, du règne du profit et de l’injustice. Une société qui est en révolte contre Dieu et sa loi ne peut finir par qu’engendrer, à plus ou moins long terme des gens amers, frustrés et révoltés. D’où la grogne et le mécontentement social permanent qui caractérise nos sociétés sécularisées.

Constater la misère et l’état déplorable dans lesquels on est, est une chose. En reconnaître les causes véritables en est une autre. C’est là pourtant le pas qu’il faut impérativement franchir pour que, du constat, on aille ensuite vers le pardon et la guérison. C’est ici, heure bénie, ce que fait le peuple. La confession que fait ici le peuple nous rappelle ainsi que tant que le péché n’est pas vu et jugé à la lumière de notre relation avec Dieu, il n’y a pour nous ni repentance véritable, ni possibilité d’une restauration véritable. Ce qui fait que le péché est péché, c’est d’abord que c’est à l’égard de Dieu qu’il est une faute, un abandon ou une trahison. " Envers Toi seul j’ai péché, dit David après son adultère avec Bath-Shéba : Psaume 51,6. " Seule une confession de ce type peut satisfaire Dieu, car elle est exactement ce dont le Saint-Esprit cherche en premier lieu à nous convaincre : Jean 16,8-9. Justes dans notre appréciation des choses, la porte est désormais ouverte à l’œuvre de grâce et de rédemption toujours renouvelée de Dieu pour nous. C’est ce dont témoigne la suite du chapitre.

samedi 1 août 2009

Esaïe 59,1 à 8

Texte biblique


Non, la main de l’Eternel n’est pas trop courte pour sauver, Ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation Entre vous et votre Dieu ; Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face Et l’empêchent de vous écouter. Car vos mains sont souillées de sang, Et vos doigts de crimes ; Vos lèvres profèrent le mensonge, Votre langue fait entendre l’iniquité. Nul ne se plaint avec justice, Nul ne plaide avec droiture ; Ils s’appuient sur des choses vaines et disent des faussetés, Ils conçoivent le mal et enfantent le crime. Ils couvent des œufs de basilic, Et ils tissent des toiles d’araignée. Celui qui mange de leurs œufs meurt ; Et, si l’on en brise un, il sort une vipère. Leurs toiles ne servent point à faire un vêtement, Et ils ne peuvent se couvrir de leur ouvrage ; Leurs œuvres sont des œuvres d’iniquité, Et les actes de violence sont dans leurs mains. Leurs pieds courent au mal, Et ils ont hâte de répandre le sang innocent ; Leurs pensées sont des pensées d’iniquité, Le ravage et la ruine sont sur leur route. Ils ne connaissent pas le chemin de la paix, Et il n'y a point de justice dans leurs voies ; Ils prennent des sentiers détournés : Quiconque y marche ne connaît point la paix. –


Réflexion


Causes de l’impuissance de Dieu à sauver Son peuple

Suite au renouvellement des promesses par lesquelles Il s’engage à bénir Son peuple si celui-ci met au centre de sa vie la pratique d’une piété conforme à Ses désirs, l’Eternel met ici le doigt sur ce qui est la cause actuelle de Son impuissance apparente pour le sauver. Jamais, rappelle ici l’Eternel, ce qui arrive à Son peuple en terme de malheurs, de défaites, de chutes ou d’asservissement à des puissances étrangères n’est et ne saurait être dû à l’impuissance de Dieu. L’acte de naissance de la nation, libérée d’Egypte à bras étendu et par de grands jugements : Exode 6,6 en est le puissant témoignage. Si ce n’est en Dieu que se trouve la cause du malheur et de la situation d’échec dans laquelle se trouve le peuple de Dieu, c’est donc en lui seul qu’il doit la chercher.


S’il y a plusieurs façons de voir l’homme, nul doute que la plus objective, la plus conforme à la réalité vient du regard que Dieu en a. Aussi, au-delà de ce qui est apparent et de l’opinion que chacun pouvait avoir de lui-même, l’Eternel dresse ici le portrait de ce que, du haut du ciel, Il voit dans Son peuple, portrait qui, s’il concerne ici d’abord Israël et Juda, sera repris des siècles plus tard par l’apôtre Paul pour être appliqué à la condition de tout homme dans le monde : Rom 3,9 à 18.

Comme il en a été pour le premier jour où la relation entre Dieu et l’homme fut rompue, c’est encore, dit l’Eternel, le péché, vécu, pratiqué, entretenu dans le cœur des gens de Son peuple, qui est et reste l’obstacle premier et principal à l’action salvatrice de Dieu en sa faveur. Il serait donc tout à fait faux, comme cela a déjà été fait, d’intenter à Dieu un procès de non assistance à peuple en danger, ou, comme cela l’est sans doute ici, de L’accuser d’insensibilité au cri de la souffrance. La 1ère raison de l’inaction de Dieu se trouve non en Lui, mais en nous, dans nos cœurs, nos vies, nos membres tous contaminés par la folie du péché. Faisant écho à la vision qu’Il donne de la situation de Son peuple au début du livre : Esaïe 1,4 à 16, l’Eternel montre ici de nouveau que, quel que soit l’endroit qu’il regarde en l’homme, aucun n’est exempt de la lèpre que constitue la présence du péché en lui : les mains sont souillées par le sang, les doigts sont pleins de la trace des fautes commises, des lèvres et de la bouche sort le mensonge, les pieds courent au mal, les pensées sont toutes malfaisantes… Aussi tout ce qui est fait, pratiqué, enfanté porte la marque vilaine du serpent, de la souffrance, de la guerre et du malheur.

Que Dieu voit-il aujourd’hui, du haut de Son ciel, en voyant Son peuple, ma vie ? Que Dieu me donne chaque jour de grandir à l’ombre de la crainte de Son nom et de la dévotion à Sa Personne !
 

vendredi 31 juillet 2009

Esaïe 58,13-14

Texte biblique

Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, Pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, Si tu fais du sabbat tes délices, Pour sanctifier l’Eternel en le glorifiant, Et si tu l’honores en ne suivant point tes voies, En ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours, Alors tu mettras ton plaisir en l’Eternel, Et je te ferai monter sur les hauteurs du pays, Je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; Car la bouche de l’Eternel a parlé.

Réflexion

Le sabbat qui plaît au Seigneur

Après la pratique du jeûne selon l’esprit qui convient au sens spirituel qu’il recouvre, l’Eternel interpelle Son peuple sur le second point de la pratique de sa piété qui, comme le 1er, a glissé de sons sens originel vers une pratique formelle, pour ne pas dire une formalité. Ce second point touche à un domaine qui, dès le don de la loi, nous est présenté comme étant à la foi cher, précieux, mais aussi premier dans l’ordre de priorités qui doit caractériser la relation du peuple de Dieu avec Lui : Exode 20,8 à 11. Ce point est celui du sabbat, ou plus exactement de ce qui caractérise l’emploi de notre temps comme de ce qui occupe nos affections en ce jour que Dieu a voulu mis à part pour Lui.

Toute piété véritable pose pour chacun de nous la question incontournable de la façon avec laquelle, en tant que peuple de Dieu, nous utilisons le jour qu’Il a mis à part pour Lui. Car, rappelle ici l’Eternel, outre le fait qu’il est un jour de repos, le jour du sabbat est d’abord un jour sacré, un jour qui Lui est consacré. Il ne convient donc pas en ce jour, et c’est faire injure à Dieu que de le faire, que le peuple de Dieu délaisse ce temps qui, normalement, Lui est destiné, pour se divertir ou s’occuper de ses propres affaires. Tout le reste de la semaine, Dieu l’a ordonné ainsi, peut et doit être consacré à la gestion des affaires et des responsabilités qui sont les nôtres ici-bas. Mais le jour du sabbat est le jour particulier où le Seigneur doit être l’objet de notre attention, nos affections, nos délices. Alors qu’autour de nous le jour du Seigneur est d’abord un jour où l’homme pense à lui et ne songe qu’à son bien-être, prenons garde, en tant que peuple de Dieu, de ne pas glisser nous aussi dans ce travers et de mépriser, par nos actes tout innocents, ce rendez-vous auquel Dieu nous attend !

Comme il en est pour le jeûne, l’Eternel précise ici que la bénédiction qu’Il tient en réserve pour les Siens est liée aussi à cette condition. Ce n’est que si je manifeste que Dieu occupe la place première dans mes affections que je pourrai connaître l’abondance des richesses que, dans Son amour, Il destine à ceux qui l’aiment.

jeudi 30 juillet 2009

Esaïe 58,6 à 12

Texte biblique

Voici le jeûne auquel je prends plaisir : Détache les chaînes de la méchanceté, Dénoue les liens de la servitude, Renvoie libres les opprimés, Et que l’on rompe toute espèce de joug ; Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre–le, Et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, Et ta guérison germera promptement ; Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l’Eternel t’accompagnera. Alors tu appelleras, et l’Eternel répondra ; Tu crieras, et il dira : Me voici ! Si tu éloignes du milieu de toi le joug, Les gestes menaçants et les discours injurieux, Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, Si tu rassasies l’âme indigente, Ta lumière se lèvera sur l’obscurité, Et tes ténèbres seront comme le midi. L’Eternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides, Et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, Comme une source dont les eaux ne tarissent pas. Les tiens rebâtiront sur d’anciennes ruines, Tu relèveras des fondements antiques ; On t’appellera réparateur des brèches, Celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable.

Réflexion

Le jeûne significatif et sa portée

Toujours dans la même pensée, qui est celle de la concordance entre les actes extérieurs et les dispositions intérieures, l’Eternel donne ici à Israël la description de ce qu’est à Ses yeux un jeûne véritable et significatif. S’il y a dans la Bible bien des actes de piété mentionnés et recommandés, la pratique du jeûne apparaît parmi eux, semble-t-il, comme l’un de ceux que l’on pourrait qualifier de majeur. Acte de renoncement volontaire, le jeûne se présente dans la Bible comme un exercice spirituel traduisant une volonté forte, de la part de celui qui le pratique, de prière et de recherche d’être au diapason de la pensée et de la volonté de Dieu. Aussi, n’est-il pas étonnant que nous le trouvions exercer et pratiquer dans la Bible par des hommes et des femmes faisant preuve d’un fort attachement à Dieu et d’une grande piété : Jésus : Luc 4,2 ; Anne : Luc 2,37 ; Jean-Baptiste : Mat 3,4 ; Paul et Barnabas : Actes 13,1 à 3 etc…

Comme tout ce qui nous est donné par Dieu pour le servir, il est arrivé au jeûne au fil du temps, par l’effet de la perversion du cœur humain, ce qui s’est produit également pour toutes les autres vertus par lesquelles Dieu désire que notre cœur réponde à Son amour. Délaissant l’esprit dans lequel il doit être vécu, le jeûne est devenu un simulacre de la piété véritable, simulacre par lequel, au temps de Jésus, les hommes religieux cherchaient à se mettre eux-mêmes en valeur aux yeux des autres : Matthieu 6,16 à 18. Si, au temps d’Esaïe, ce qui péchait était de nature différente, il n’en est pas moins vrai pour autant que la pratique du jeûne avait perdu, à cause des actes de violence et d’égoïsme dont elle était par ailleurs simultanément entachée, toute valeur et signification.

Le jeûne ayant comme objectif premier, par l’insistance et la ferveur spirituelle qu’il suppose, de faire entendre sa voix à Dieu : Esaïe 58,3 ; Jac 5,17, Dieu rétablit ici les conditions liées à son efficacité. La pratique du jeûne traduisant un désir fort de recherche d’obéissance à Dieu, il est inconcevable qu’elle ne se traduise pas dans les actes à l’abandon de tout ce qui, dans notre relation avec les autres, est contraire à l’amour que Dieu leur porte. Le jeûne exprimant une volonté de renoncement, Dieu appelle Son peuple à aller, pour qu’il soit reçu tel qu’il désire qu’il le soit par Lui, dans ses applications jusqu’au bout de ce qu’il implique. Car, dans l’exercice spirituel, ce n’est pas d’abord l’acte lui-même que Dieu considère, mais l’esprit dans lequel il est vécu. Et, si ce n’est pas la somme de tout, cet esprit se révèle dans l’attitude et le comportement dont nous faisons preuve à l’égard de notre prochain le plus faible : le pauvre, le nu, le prisonnier, l’homme privé de ressource, l’humilié, l’employé pour le riche… Que sert-il, en effet à un homme de jeûner pour être entendu par Dieu si, dans sa façon d’être et de vivre auprès des autres, il ne L’écoute pas ? Que Dieu me donne toujours de me souvenir que c’est dans le concret de ma vie, mes attitudes et mes actes qu’Il juge et évalue la profondeur et la sincérité de ma piété.

Le véritable esprit du jeûne remis au centre de sa pratique, l’Eternel accompagne les exhortations au changement qu’Il donne à Son peuple par la promesse des multiples bénédictions qu’Il tient en réserve pour eux à ce sujet. L’ordre spirituel rétabli, le jeûne traduisant effectivement la soif du peuple de chercher Dieu et de pratiquer ce qu’Il a appris de Lui dans les relations humaines, Dieu le dit ici : toutes les conditions sont réunies pour que, comme Il le désire, le peuple fasse l’expérience de la bénédiction de Dieu sur lui. L’Eternel le rappelle ici de façon forte : ne peut être béni de Sa part que celui qui vit pour être un canal de bénédiction pour les autres. Ce n’est que lorsque la grâce reçue l’est dans le but d’être partagée et dispensée en direction des autres qu’elle se renouvelle dans notre propre vie.

Si la bénédiction de Dieu se traduit par de multiples bienfaits, elle est d’abord dans son essence le fruit de Sa présence personnelle avec nous. Dieu avec nous, c’est, montre ici l’Eternel, être au bénéfice de :
- Sa lumière qui fait de nous des lumières pour les autres : v 8 et 10
- Sa justice qui fait qu’en Lui nous devenions aussi pour les autres l’expression de la justice : v 8
- Sa force qui, seule, nous rétablit et guérit les blessures et dégâts occasionnés par le péché, et fait de nous une source d’encouragement pour autrui : v 8
- Sa protection dans le combat faisant de nous aux yeux des autres des témoins de ce qu’Il est à sa gloire : v 8
- Sa proximité immédiate dès notre appel au secours lancé vers Lui : v 9
- Sa direction dans tous les choix de vie qui sont devant nous : v 11
- Sa suffisance capable de nous rassasier et de répondre à tous nos besoins, et qui nous rend capable à notre tour d’abreuver et de répondre à la soif d’autrui : v 11
- Son assistance pour être les outils et les instruments au travers desquels Son œuvre, autrefois détruite par le péché, peut être reconstruite : v 12

Si de telles promesses trouvent pour Israël leur traduction de façon physique, elles sont aussi la réalité de ce que, en Christ, nous pouvons aussi vivre sur le plan spirituel.