samedi 21 mars 2009

Esaïe 39,1 à 8


Texte biblique

En ce même temps, Merodac–Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya une lettre et un présent à Ezéchias, parce qu'il avait appris sa maladie et son rétablissement. Ezéchias en eut de la joie, et il montra aux envoyés le lieu où étaient ses choses de prix, l’argent et l’or, les aromates et l’huile précieuse, tout son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors : il n’y eut rien qu’Ezéchias ne leur fît voir dans sa maison et dans tous ses domaines. Esaïe, le prophète, vint ensuite auprès du roi Ezéchias, et lui dit : Qu'ont dit ces gens–là, et d'où sont–ils venus vers toi ? Ezéchias répondit : Ils sont venus vers moi d'un pays éloigné, de Babylone. Esaïe dit encore : Qu'ont–ils vu dans ta maison ? Ezéchias répondit : Ils ont vu tout ce qui est dans ma maison : il n'y a rien dans mes trésors que je ne leur aie fait voir. Alors Esaïe dit à Ezéchias : Ecoute la parole de l’Eternel des armées ! Voici, les temps viendront où l’on emportera à Babylone tout ce qui est dans ta maison et ce que tes pères ont amassé jusqu’à ce jour ; il n’en restera rien, dit l’Eternel. Et l’on prendra de tes fils, qui seront sortis de toi, que tu auras engendrés, pour en faire des eunuques dans le palais du roi de Babylone. Ezéchias répondit à Esaïe : La parole de l'Eternel, que tu as prononcée, est bonne ; car, ajouta–t–il, il y aura paix et sécurité pendant ma vie.

Réflexion

Imprudence d’Ezéchias envers les émissaires du roi de Babylone :

Dans le même temps au cours duquel Ezéchias dut faire face à la fois à sa maladie et au défi que représentaient les ambitions conquérantes du roi d’Assyrie, le roi de Babylone dépêcha auprès du roi de Juda plusieurs émissaires chargés de présents destinés à lui exprimer sa sympathie au sujet de sa maladie. Quelles étaient les intentions réelles de ce roi étranger, lointain et méconnu ? Y avait-il chez lui une certaine admiration pour le roi de Juda, à l’écoute de ce qui s’était passé avec le roi d’Assyrie ? Nous ne le savons pas.

Quoi qu’il en soit, le geste du roi de Babylone atteint son but et toucha le coeur d’Ezéchias, qui, mettant de côté toute prudence, ouvrit toutes grandes les portes de son royaume à ces étrangers en ne leur cachant rien de tous les trésors qu’il abritait. Sensibilisé par le Seigneur au danger que représentait l’attitude naïve du roi, Esaïe se rendit auprès de lui pour l’avertir des conséquences futures de son comportement imprudent. Si le royaume de Juda avait échappé à la puissance guerrière du roi d’Assyrie, il succomberait dans l’avenir à la puissance du roi de Babylone qui n’oublierait pas ce qu’il avait vu des richesses de Juda en ce jour. La faute commise par Ezéchias nous avertit du danger de l’arme que représente la séduction, les opérations de charme et la main tendue en guise d’amitié de la part d’étrangers et d’ennemis spirituels. Elle souligne le fait que nous sommes bien mieux armés et davantage prêts à faire face à la pression et la confrontation qu’à des propositions d’amitié. Habitué au langage du combat, de la lutte ou de la guerre spirituelle, nous sommes pris au dépourvu et, sans nous en rendre compte, nous baissons immédiatement notre garde lorsque quelqu’un se présente à nous, non sous le visage de l’inimitié, mais sous celui de l’amitié (cf : Josué et les gabaonites : Josué 9). Que Dieu nous donne d’être à la fois simple comme des colombes, mais aussi prudents comme des serpents !

La question immédiate que pose le texte est pour nous de savoir comment reconnaître parmi les mains qui se tendent vers nous les vrais amis des faux ! L’expérience d’Ezéchias nous invite de toutes façons à faire preuve de sagesse. L’amitié est quelque chose qui se construit avec le temps et qui, de part et d’autre, exige des preuves. Elle ne se construit pas sur la seule base de sentiments ou de sympathies, mais d’une approche faite de sincérité, de manifestations authentiques d’appréciation mutuelle. Elle n’est pas un chèque en blanc signé à la va-vite et sans réflexion, mais plutôt un chemin progressif d’ouverture à l’autre qui demande du temps, de la mesure et des gages de confiance. Que Dieu nous donne Sa sagesse pour ne pas garder notre main fermée alors qu’Il nous demande de l’ouvrir et ne pas l’ouvrir alors qu’il serait sage de la laisser fermée.

Repris par Esaïe sur son attitude, Ezéchias, pour la 1ère fois, fera preuve d’un égoïsme étonnant. Face à l’annonce de ce qui va se produire dans le futur pour son royaume, il n’aura rien de mieux à dire qu’il se réjouit de cette nouvelle pour la simple raison que le malheur qui atteindra son peuple n’aura pas lieu de son vivant, mais après sa mort. C’est, pour un chef d’état, faire preuve de bien peu de conscience et de sérieux quant au sens de sa mission (après moi le déluge !). L’attitude d’Ezéchias, visible après le miracle dont il a été l’objet, ternit ainsi le beau témoignage qui, jusqu’alors, lui a été rendu par l’Ecriture. Elle démontre d’une certaine manière le mal-fondé de sa requête de sursis de vie, suite à l’invitation qui lui a été adressée par Esaïe de se préparer à son départ prochain. Elle démontre aussi le danger que représente une bénédiction divine reçue en réponse à une prière égoïste. Ne fortifie-t-elle pas, dans la vie de celui qui en est l’objet, cette tendance naturelle au lieu de l’infléchir. Plus l’égoïste reçoit, plus il le devient. Que, par-dessus tout, Dieu nous délivre de nous-mêmes !

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