mardi 11 août 2009

Esaïe 64


Texte biblique

Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, Les montagnes s'ébranleraient devant toi, Comme s'allume un feu de bois sec, Comme s'évapore l'eau qui bouillonne ; Tes ennemis connaîtraient ton nom, Et les nations trembleraient devant toi. Lorsque tu fis des prodiges que nous n'attendions pas, Tu descendis, et les montagnes s'ébranlèrent devant toi. Jamais on n'a appris ni entendu dire, Et jamais l'œil n'a vu qu'un autre dieu que toi Fît de telles choses pour ceux qui se confient en lui. Tu vas au–devant de celui qui pratique avec joie la justice, De ceux qui marchent dans tes voies et se souviennent de toi. Mais tu as été irrité, parce que nous avons péché ; Et nous en souffrons longtemps jusqu'à ce que nous soyons sauvés. Nous sommes tous comme des impurs, Et toute notre justice est comme un vêtement souillé ; Nous sommes tous flétris comme une feuille, Et nos crimes nous emportent comme le vent. Il n'y a personne qui invoque ton nom, Qui se réveille pour s'attacher à toi: Aussi nous as–tu caché ta face, Et nous laisses–tu périr par l'effet de nos crimes. Cependant, ô Eternel, tu es notre père ; Nous sommes l'argile, et c'est toi qui nous as formés, Nous sommes tous l'ouvrage de tes mains. Ne t'irrite pas à l'extrême, ô Eternel, Et ne te souviens pas à toujours du crime ; Regarde donc, nous sommes tous ton peuple. Tes villes saintes sont un désert ; Sion est un désert, Jérusalem une solitude. Notre maison sainte et glorieuse, Où nos pères célébraient tes louanges, Est devenue la proie des flammes ; Tout ce que nous avions de précieux a été dévasté. Après cela, ô Eternel, te contiendras–tu ? Est–ce que tu te tairas, et nous affligeras à l'excès ?

Réflexion

Poursuite de la prière du prophète :

Toujours étreint par la nostalgie du temps passé, Esaïe continue ici à exprimer les soupirs et les attentes de son cœur à l’égard de Dieu. L’absence de Dieu étant la cause première et suffisante de tous les malheurs du peuple de Dieu, qu’espérer d’autre sinon le retour de Sa présence tel qu’Israël, le peuple de Dieu, l’a connu au temps de sa naissance ? L’âme plongée dans ses souvenirs, la prière du prophète est une alternance de soupirs, de constats, d’espérance qui traduit la variété des sentiments qui l’habitent :

Soupir : Si seulement…

Nous en avons déjà parlé le chapitre précédent. Le soupir du prophète exprime ce qui, à ses yeux, représente la condition suffisante au changement de situation du peuple. Dieu avec lui, au milieu de lui, il n’y a plus de discussions, de controverses sur l’identité, la place effective et le rôle particulier du peuple de Dieu dans le monde. Dieu absent, quand bien même les faits passés en rendent témoignage, Israël est incapable par lui-même de convaincre le monde de la vérité de son élection. Il n’y a que lorsque Dieu dit quelque chose au sujet de quelqu’un que ce que cette personne dit à son sujet est vrai : Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu… : Col 1,1. C’est pourquoi Esaïe souhaite si ardemment la manifestation de Dieu : elle seule, il le sait, peut être le point final du combat d’Israël quant à sa survie et la légitimité de son existence comme peuple mis à part par Dieu au milieu des peuples.

Constats

Les constats que fait Esaïe de la situation spirituelle qui est celle d’Israël vont dans deux directions. Pensant à Dieu, le Dieu qui est celui d’Israël, Esaïe mesure l’incroyable privilège qui est celui du peuple de Dieu d’avoir un Dieu aussi proche, aussi bienveillant, aussi bien disposé que ne l’est l’Eternel pour celui qui, désireux de marcher sans Ses voies, s’attend à Lui. Quelle autre richesse peut être, en effet, plus grande que celle-ci que d’avoir l’Eternel pour Ami, l’Eternel qui, à cause de Sa grâce, nous est favorable ? Mesurons-nous suffisamment la préciosité de ce privilège, au point de considérer que, s’il y aune chose qu’il nous faut absolument préserver, c’est le trésor que constitue pour nous la bienveillance de Dieu à notre égard ? Israël, malheureusement, ne l’a pas compris. Aussi, Esaïe est-il contraint de faire un second constat. C’est, regardant Israël, celui de l’état misérable dans lequel il se trouve sur le plan moral, état qui est la conséquence directe de son péché, de son abandon de Dieu. Si le péché est une tragédie, comprenons bien qu’il l’est d’abord, non au regard des dégâts qu’il occasionne dans la vie des hommes, mais surtout au regard des richesses qu’il leur fait perdre et qui auraient pu être les leurs dans leur relation avec Dieu. La vraie perte qu’occasionne le péché n’est pas d’abord dans le mal qu’il cause en nous, mais dans le fait premier, et combien plus grave, qu’il nous prive, nous fait passer à côté des richesses que la communion avec Dieu nous réserve. Croyons bien que si Dieu n’est pas avec nous, nous pouvons avoir tout ce que nous voulons à côté, il nous manque l’essentiel !

Espérance

Dieu étant la seule vraie richesse du peuple de Dieu, quelle est, alors qu’il est éloigné de Lui, son espérance, si ce n’est, comme l’exprime ici Esaïe, le retour par grâce de celui-ci dans la relation filiale qui le lie à Lui ? C’est le soupir et la prière qu’exprime, au nom du peuple, le prophète ! Malgré le péché du peuple, Dieu va-t-Il pour toujours garder Sa colère envers lui, le rejeter, laisser son pays et le lieu de son sanctuaire dévastés ? Surtout, malgré le péché du peuple, Dieu va-t-Il laisser indéfiniment ses ennemis triompher ? Va-t-il pour toujours se taire, se contenir alors que, sous ses yeux, son héritage continue à être pillé ? C’est à ces questions que les chapitres suivant vont s’attacher à répondre !

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