vendredi 6 février 2009

Esaïe 29,9 à 16


Texte biblique

Soyez stupéfaits et étonnés ! Fermez les yeux et devenez aveugles ! Ils sont ivres, mais ce n’est pas de vin ; Ils chancellent, mais ce n’est pas l’effet des liqueurs fortes. Car l’Eternel a répandu sur vous un esprit d’assoupissement ; Il a fermé vos yeux les prophètes, Il a voilé vos têtes les voyants. Toute la révélation est pour vous comme les mots d’un livre cacheté Que l’on donne à un homme qui sait lire, en disant : Lis donc cela ! Et qui répond : Je ne le puis, Car il est cacheté ; Ou comme un livre que l’on donne A un homme qui ne sait pas lire, en disant : Lis donc cela ! Et qui répond : Je ne sais pas lire. Le Seigneur dit : Quand ce peuple s’approche de moi, Il m’honore de la bouche et des lèvres ; Mais son cœur est éloigné de moi, Et la crainte qu’il a de moi N’est qu’un précepte de tradition humaine. C’est pourquoi je frapperai encore ce peuple Par des prodiges et des miracles ; Et la sagesse de ses sages périra, Et l’intelligence de ses hommes intelligents disparaîtra. Malheur à ceux qui cachent leurs desseins Pour les dérober à l’Eternel, Qui font leurs œuvres dans les ténèbres, Et qui disent: Qui nous voit et qui nous connaît ? Quelle perversité est la vôtre ! Le potier doit–il être considéré comme de l’argile, Pour que l’ouvrage dise de l’ouvrier: Il ne m’a point fait ? Pour que le vase dise du potier : Il n’a point d’intelligence ?

Réflexion

Un peuple incapable de comprendre :

Comme Jean-Baptiste (dont il parlera plus tard) après lui, Esaïe fait l’expérience déconcertante, face au message pressant et urgent qu’il communique à son peuple, d’une totale apathie de sa part. Alors que, pour lui, les faits de la vision qu’il a de l’avenir sont d’une limpidité évidente, il constate que, pour ceux à qui il s’adresse, ce qu’il dit est du même ordre qu’une lecture que l’on donnerait à quelqu’un qui ne sait pas lire. Une autre image donne une explication encore plus précise de la raison de ce phénomène. Le fait pour le peuple de ne pas pouvoir lire le message qu’Esaïe lui délivre ne vient pas seulement de son incapacité à lire. Oui, le peuple a bien la capacité de lire. Il a sa propre lecture de la situation. Mais, le message que le prophète lui adresse ici lui est inaccessible. Il a, dit Esaïe, pour lui, la forme d’un livre cacheté, un livre dont l’accès à ce qui se trouve à l’intérieur lui est fermé.

Une question se pose en lien avec ce constat, dont Esaïe, dès son appel, avait été prévenu par Dieu : 6,9 à 12. N’y a-t-il pas de la part de Dieu un certain illogisme dans le fait de mandater un prophète pour délivrer un message, dont il sait d’avance qu’il ne sera pas compris ou reçu ? L’Eternel en donne ici la raison. Comme tout ce qui se produit en forme de jugement dans ce monde, l’aveuglement dans lequel se trouve plongé un peuple n’est pas le fait du hasard. Il est la conséquence ultime de son éloignement progressif de Dieu. Esaïe donne ici les deux raisons principales de cet état de fait parmi Son peuple :

- le peuple a troqué la relation de cœur qu’il avait avec Dieu pour une religion formelle, de façade. Ce n’est plus le cœur qui est le moteur de la piété qu’il pratique, mais le devoir et l’obligation inspirés par la convenance. Dieu n’est plus un Dieu proche, aimé ; c’est un Dieu lointain, abstrait, que l’on ne nie pas, mais envers qui on fait le minimum pour que, pense-t-on, il soit satisfait.

- plus grave que le formalisme d’apparat, l’œil perçant de Dieu dévoile à Esaïe la réalité qui se cache : les œuvres des ténèbres que pratiquent en secret le peuple et, surtout, ses dirigeants : cf. Ezéchiel 8.

L’aveuglement au travers duquel un peuple est plongé, le livrant directement à la mort, n’est pas le fruit d’une décision arbitraire, mais l’étape ultime du processus d’éloignement dont il s’est rendu coupable à Son égard : cf 2 Thes 2,11-12.

Stupéfiants sont aussi aujourd’hui l’apathie, la torpeur, l’aveuglement dont font preuve nos sociétés face à la destruction et au jugement imminents qui se profilent devant elles. Or, nous le savons : ce sont toujours les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. " Mais vous, dit la Bible, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur : 1 Thes 5,4. Que Dieu nous donne de vivre avec Lui une relation de cœur et de vérité dans la lumière, afin que, prévenu du jour de Son retour, nous soyons prêts au moment où il se produira !

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