Texte biblique
Cantique d’Ezéchias, roi de Juda, sur sa maladie et sur son rétablissement.
Je disais : Quand mes jours sont en repos, je dois m’en aller Aux portes du séjour des morts. Je suis privé du reste de mes années ! Je disais : Je ne verrai plus l’Eternel, L’Eternel, sur la terre des vivants ; Je ne verrai plus aucun homme Parmi les habitants du monde ! Ma demeure est enlevée et transportée loin de moi, Comme une tente de berger ; Je sens le fil de ma vie coupé comme par un tisserand Qui me retrancherait de sa trame. Du jour à la nuit tu m’auras achevé ! Je me suis contenu jusqu’au matin ; Comme un lion, il brisait tous mes os, Du jour à la nuit tu m’auras achevé ! Je poussais des cris comme une hirondelle en voltigeant, Je gémissais comme la colombe ; Mes yeux s'élevaient languissants vers le ciel : O Eternel ! je suis dans l'angoisse, secours–moi ! Que dirai–je ? Il m'a répondu, et il m'a exaucé. Je marcherai humblement jusqu'au terme de mes années, Après avoir été ainsi affligé. Seigneur, c’est par tes bontés qu’on jouit de la vie, C’est par elles que je respire encore ; Tu me rétablis, tu me rends à la vie. Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut ; Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant, Car tu as jeté derrière toi tous mes péchés. Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, Ce n’est pas la mort qui te célèbre ; Ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité. Le vivant, le vivant, c'est celui–là qui te loue, Comme moi aujourd'hui ; Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité. L’Eternel m’a sauvé ! Nous ferons résonner les cordes de nos instruments, Tous les jours de notre vie, Dans la maison de l’Eternel. Esaïe avait dit : Qu’on apporte une masse de figues, et qu’on les étende sur l’ulcère ; et Ezéchias vivra. Et Ezéchias avait dit : A quel signe connaîtrai–je que je monterai à la maison de l'Eternel ?
Réflexion
Témoignage d’Ezéchias après sa guérison
Ezéchias guéri, il voulut, sous forme d’un écrit, laisser le témoignage du vécu qui fut le sien lors de cette épreuve qui lui fit voir sa vie s’approcher des portes du séjour des morts. Deux parties bien distinctes forment le contenu de cet écrit :
1ère partie : Ezéchias nous fait part ici du dialogue intérieur qu’il a avec lui-même au moment où il apprend la nouvelle de sa mort imminente : " Je me disais " est l’expression clé de cette partie. Il y témoigne des sentiments et des pensées qui agitaient son cœur. La profonde tristesse, la déception qu’on lit dans les paroles d’Ezéchias révèlent à quel point celui-ci, malgré son fort attachement à Dieu, est également fortement attaché à son existence ici-bas. Il n’y a sans doute rien de plus puissant que la perspective d’une mort inattendue et imminente pour révéler dans nos cœurs ce à quoi nous sommes le plus fortement attachés. De manière évidente, il apparaît, au travers de la tristesse qu’engendre chez lui l’idée d’un départ proche de ce monde, qu’Ezéchias n’est pas prêt à échanger ce qu’il chérit dans sa vie ici-bas à ce qu’il pourrait vivre et recevoir en entrant dans l’éternité. La terre des vivants, les habitants du monde qu’il ne verra plus sont ses sujets de regret les plus importants.
Et, pour moi, qu’en serait-il, placé dans la même situation que lui ? Quelles seraient la cause, la raison de ma tristesse et de mon chagrin les plus grands ? La perspective d’aller vers mon Seigneur serait-elle une cause de joie plus forte que le déchirement de quitter mes proches et mon service ici-bas ? Pourrais-je dire, comme l’apôtre Paul : Christ est ma vie et la mort m’est un gain… je préfère m’en aller, ce qui, pour moi, de beaucoup est le meilleur : Phil 1,21 à 23.
2ème partie : elle est le témoignage de la reconnaissance et du soulagement qu’est pour Ezéchias la bonne nouvelle du prolongement de son existence de 15 ans. Ezéchias célèbre la bonté de Dieu, qui a pris en compte ses larmes, son amertume. A la lumière de l’expérience vécue et de la grâce dont il est l’objet, il Lui promet de marcher devant Lui avec plus d’humilité encore. Ezéchias célèbre le vivant qui est, pour lui, en comparaison avec le séjour des morts, la condition la plus avantageuse pour l’homme pour louer Dieu.
Certes, Ezéchias a raison. Si Dieu lui accorde grâce, il est de son devoir de témoigner de la joie qui est la sienne. Mais il ne pourra nous empêcher, à la fin de cette histoire, de penser que, peut-être, il est passé à côté de ce qui, aux yeux de Dieu, était le meilleur pour lui : un départ dans l’honneur, l’accès à Sa présence. Devons-nous toujours insister lorsque Dieu prévoit pour nous un projet qui met un terme ou qui va dans le sens inverse de ce que nous espérions ? Que Dieu nous donne la sagesse, à la fois d’examiner notre cœur pour connaître les raisons réelles de notre amertume, et d’autre part de nous placer devant Lui en Lui disant ce que Jésus a dit devant la croix : Non pas ma volonté, Seigneur, mais la Tienne : Mat 26,39.
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