Texte biblique
En ce temps–là, Ezéchias fut malade à la mort. Le prophète Esaïe, fils d'Amots, vint auprès de lui, et lui dit : Ainsi parle l'Eternel : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus. Ezéchias tourna son visage contre le mur, et fit cette prière à l’Eternel: O Eternel ! souviens–toi que j'ai marché devant ta face avec fidélité et intégrité de cœur, et que j'ai fait ce qui est bien à tes yeux ! Et Ezéchias répandit d'abondantes larmes. Puis la parole de l’Eternel fut adressée à Esaïe, en ces mots: Va, et dis à Ezéchias : Ainsi parle l’Eternel, le Dieu de David, ton père : J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Voici, j’ajouterai à tes jours quinze années. Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assyrie ; je protégerai cette ville. Et voici, de la part de l’Eternel, le signe auquel tu connaîtras que l’Eternel accomplira la parole qu’il a prononcée. Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.
Réflexion
Maladie d’Ezéchias
Comme si la tension qu’il devait vivre avec le siège du roi d’Assyrie ne suffisait pas, Ezéchias fut de plus frappé en ces jours-là d’une maladie mortelle. Il y a parfois dans la vie du juste une accumulation de malheurs qui n’est pas explicable. On pourrait penser, à vue humaine, qu’il est légitime que succès, force et santé soient les marques de la bénédiction de Dieu sur la vie des serviteurs engagés, fidèles à Son service. Ce schéma, s’il existe, n’est pas obligatoirement normatif. Le livre de Job, entre autre, est là pour en témoigner.
Si la raison de l’annonce du départ imminent vers l’éternité d’Ezéchias lui est cachée (l’annonce est donnée brutalement, sans être reliée à quoi que ce soit), on peut penser, au vu de la connaissance de l’avenir d’Ezéchias qui nous est connu, qu’elle était de la part de Dieu une décision de départ dans l’honneur de ce roi exceptionnel. Après tout, d’autres avant lui, tel Hénoc, ont vu leurs vies raccourcies pour une condition meilleure, plus élevée. Les textes qui suivent et décrivent ce que sera la vie du roi par la suite, montrent en tout cas clairement que c’est dans la période de rallongement de sa vie que le roi a demandé à Dieu, que les choses les plus mauvaises, découlant de son existence se produiront : son imprudence envers les babyloniens et la naissance de Manassé, le fils qui lui succédera qui sera le roi le plus abominable que Juda connaîtra. C’est de ces années que viendront les choses qui scelleront le jugement de Juda. Aussi peut-on légitimement se poser la question si, en faisant vivre à Ezéchias une mort prématurée, Dieu n’avait pas en vue d’éviter cette suite tragique pour Son peuple ? Il arrive à Dieu, par compassion, de répondre à nos demandes insistantes sur un sujet où Il est, peut-être d’un autre avis. Nous faisons alors l’expérience que le mieux n’est pas ce que nous avions pensé, mais ce qu’Il avait décidé !
Informé par Esaïe de l’arrêté de Dieu sur sa vie, Ezéchias fond en larmes et fait part, dans sa prière, en quelque sorte de son incompréhension. Il fait appel ainsi, pour la défense de sa cause, à la mémoire de Dieu quant à l’intégrité et à la loyauté avec lesquelles il a marché toute sa vie devant Sa face. Si Ezéchias n’a pas tort dans ce qu’il dit, n’a t-il pas tort cependant de faire reposer sa demande à Dieu sur un tel argument ? Ne laisse-t-il pas entendre, contre le principe de la grâce, que notre obéissance ou notre justice rendraient Dieu redevable envers nous de Sa bénédiction ? Elles donneraient ainsi tort à Dieu pour Ses décisions envers nous et, quelque part, L’accuseraient indirectement d’ingratitude, de manque de reconnaissance envers nous ! Et quant, par-dessus cela, on arrose ce type de prière d’abondantes larmes, ne fait-on pas passer Dieu pour une Personne insensible, sans cœur ?
Ezéchias va gagner. Il va obtenir de Dieu, et de quelle façon, ce qu’il souhaite. Pour commencer, Dieu va lui donner les deux raisons pour lesquelles Il va l’exaucer :
- Il l’exauce, non à cause de lui d’abord, mais à cause de David, son ancêtre. C’est non à cause de la fidélité d’Ezéchias à Dieu qu’il sera exaucé, mais à cause de la fidélité de Dieu à l’engagement qu’Il a pris envers David. Cela rappelle pour nous le principe important sur la base duquel Dieu exauce aussi aujourd’hui nos prières. Il le fait, non à cause de ce que nous sommes, mais à cause de Jésus-Christ, notre David, à travers qui Dieu a scellé avec nous une alliance.
- Dieu a entendu sa prière, Il a vu ses larmes. Il a donc pris en considération la façon avec laquelle Ezéchias a réagi à l’épreuve à laquelle il allait être soumis.
Puis Dieu formule au roi en quoi consistera l’exaucement dont il sera l’objet. Là aussi, il comporte deux aspects :
- le 1er touche à la situation personnelle d’Ezéchias. Dieu ajoute 15 années à sa vie. Du coup Ezéchias a le redoutable privilège de savoir à quel moment exact se situe pour lui le moment du départ. Une telle connaissance est-elle une bonne chose. Pas si sûr, vu la suite des événements, démontrant le relâchement dont fera preuve le roi.
- Le second touche à la situation d’extrémité dans laquelle il se trouve avec son peuple face à la menace assyrienne. Dieu lui promet là aussi salut et délivrance
Pour terminer, Dieu atteste la réalité des promesses qu’Il fait à Ezéchias par un signe fort. Il fait reculer de 10 degrés la lumière du jour sur le cadran solaire d’Achaz.. Sans doute, à situation extrême, Dieu peut-Il utiliser des moyens extrêmes pour nous rassurer et assurer les Siens de Son soutien : cf Actes 4,31. Etrange mélange que toute cette histoire dans laquelle se mêlent à la fois réactions humaines, grâce et puissance de Dieu. mais n’est ce pas la réalité dans laquelle se situe aussi notre relation avec Dieu : Un Dieu qui n’hésita pas à manifester qui Il est, un Dieu bon et puissant, dans le vécu d’hommes, certes imparfaits, mais dont le cœur aussi Lui est attaché !
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