jeudi 26 février 2009

Esaïe 33,1 à 6


Texte biblique

Malheur à toi qui ravages, et qui n’as pas été ravagé ! Qui pilles, et qu’on n’a pas encore pillé ! Quand tu auras fini de ravager, tu seras ravagé ; Quand tu auras achevé de piller, on te pillera. Eternel, aie pitié de nous ! Nous espérons en toi. Sois notre aide chaque matin, Et notre délivrance au temps de la détresse ! Quand ta voix retentit, Les peuples fuient ; Quand tu te lèves, Les nations se dispersent. On moissonne votre butin, Comme moissonne la sauterelle ; On se précipite dessus, Comme se précipitent les sauterelles. L’Eternel est élevé, Car il habite en haut ; Il remplit Sion De droiture et de justice. Tes jours seront en sûreté ; La sagesse et l’intelligence sont une source de salut ; La crainte de l’Eternel, C’est là le trésor de Sion.

Réflexion

Le Seigneur, espoir de Son peuple :

A la fois visionnaire et homme de son temps, Esaïe, en tant que prophète, vit dans un mouvement continuel entre le présent et l’avenir. Alors que les versets du chapitre précédent nous avaient projeté au jour du règne glorieux du Messie, nous revenons avec ce chapitre à la situation contemporaine, immédiate dans laquelle vit Esaïe. Ce mouvement continuel qui, du présent va vers l’avenir, est sans nul doute l’une des marques de fabrique les plus certaines de la vocation divine du prophète. Car autant le prophète est amené à répondre aux interrogations de ses contemporains sur ce qui va se produire demain, autant, par l’Esprit de Dieu, il est capable d’identifier dans le vécu du présent les principes spirituels qui vont, pour l’avenir, orienter les événements qui se produiront. Cette double lecture continuelle du prophète n’est cependant pas le fruit du hasard, de la subjectivité ou de l’interprétation particulière. Elle s’appuie chez Esaïe à la fois sur l’inspiration (car personne ne se décrète prophète) et sur une connaissance personnelle de Dieu et de Sa Parole profonde et enracinée.

Après avoir été projeté dans le futur glorieux des derniers temps, Esaïe revient ici au présent. Après s’être adressé à Israël et Juda, Esaïe ouvre ce chapitre en s’adressant de nouveau à son ennemi immédiat. Si Israël est, en effet, l’objet continuel de la prophétie, tout ce qui le touche en devient inévitablement aussi un sujet. Fort de la certitude qui l’anime au sujet du caractère indestructible du peuple de Dieu, Esaïe annonce déjà ici à l’Assyrie, alors en pleine période ascendante de conquêtes, sa fin. Notons que seule la foi peut permettre à Esaïe de proclamer un tel message, aucun indice actuel ne lui permettant de l’entrevoir. Le premier paramètre d’interprétation de l’histoire est, dans la vision du prophète, ce que lui enseigne la connaissance qu’il a de Dieu, non les supputations qu’il pourrait faire de l’analyse des événements du temps présent. Sur la base de cette connaissance, Esaïe le dit, il en est certain : après avoir ravagé les autres, l’Assyrie, à son tour, sera ravagée par les autres.

Pour autant l’annonce d’Esaïe sur l’Assyrie ne doit pas pousser Israël à une euphorie exagérée. Car pour l’heure la menace de la puissance assyrienne est réelle. Aussi Esaïe invite-t-il Son peuple, par l’exemple, à la prière, une prière qui se doit d’être communautaire. Si l’action de Dieu seule peut mettre un terme à l’arrogance de l’Assyrie, cette action pour se faire doit rencontrer la prière humble, fervente, du peuple de Dieu, prière qui exprime sa certitude que c’est de Lui seul que peut venir son salut. Il y a parfois dans le peuple de Dieu une attitude exagérée et malsaine de triomphalisme par rapport à l’ennemi. Croyons bien que si nous devions seuls lui faire face, il nous écraserait. Aussi, c’est dans l’humilité et le sentiment de notre totale dépendance que nous devons crier à Dieu et Lui exprimer notre attente de Son secours en notre faveur par la foi. Nulle part, nous ne voyons ici Israël, fort de sa foi, aller narguer les assyriens. Esaïe les invite à se tenir à genoux humblement vers Dieu, non debout de façon présomptueuse face à l’adversaire. Cette position d’humilité face à Dieu est la seule qui convienne. Que Dieu nous donne de nous en souvenir !

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