vendredi 24 avril 2009

Esaïe 45,9 à 13


Texte biblique

Malheur à qui conteste avec son créateur ! –Vase parmi des vases de terre ! –L'argile dit–elle à celui qui la façonne: Que fais–tu ? Et ton œuvre : Il n'a point de mains ? Malheur à qui dit à son père : Pourquoi m'as–tu engendré ? Et à sa mère : Pourquoi m'as–tu enfanté ? Ainsi parle l'Eternel, le Saint d'Israël, et son créateur : Veut–on me questionner sur l'avenir, Me donner des ordres sur mes enfants et sur l'œuvre de mes mains C’est moi qui ai fait la terre, Et qui sur elle ai créé l’homme ; C’est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux, Et c’est moi qui ai disposé toute leur armée. C’est moi qui ai suscité Cyrus dans ma justice, Et j’aplanirai toutes ses voies ; Il rebâtira ma ville, et libérera mes captifs, Sans rançon ni présents, Dit l’Eternel des armées.

Réflexion

Contestation de la souveraineté de Dieu :

Toujours dans le thème de la défense de son unicité, Dieu met ici le doigt sur l’aspect qui, dans ce caractère de Dieu, est le générateur le plus fort des querelles et des contestations des hommes qui Lui sont rebelles : les droits que Lui confère, en tant que Dieu unique, Sa souveraineté. S’Il revendique cette souveraineté, Dieu le rappelle ici, ce n’est en aucun cas d’une manière usurpée, comme les tyrans de ce monde le font. C’est, rappelle Dieu, en vertu du fait qu’Il est le Créateur de toutes choses que cette légitimité Lui est donnée, comme un droit naturel, sur toute créature. Aussi, en tant que tel, Il est, Lui, le seul qui, à juste titre, peut revendiquer sur l’histoire de tout être comme de tout peuple le droit de projeter à son sujet tous les desseins qu’Il souhaite. Notre contestation envers ce droit de Dieu n’est, dit ici Esaïe, pas plus légitime que celle que pourrait exprimer l’argile à l’égard du potier au sujet de l’œuvre qu’il se propose de faire avec elle par ses mains.

Avec la contestation de ce droit de Dieu, droit qui est le pendant naturel de Son unicité, nous touchons sans nul doute à ce qui est à la racine même du péché. Car, qu’est-elle d’autre la proposition faite à nos premiers parents dans le jardin d’Eden d’être comme dieu, si ce n’est, de manière induite, la contestation du Malin à reconnaître le droit à la souveraineté que Dieu possède, de manière légitime, en tant qu’Auteur et Créateur de toutes choses ? cf Genèse 3,5. Présente dès l’origine de la fracture entre Dieu et l’homme, cette contestation première, montrera Paul, va, tel le levain, pénétrer la pâte de toute la pensée et la façon d’être et de réagir de l’homme à l’égard de Dieu. Elle va être l’argument principal utilisé, par exemple, par les contestataires de l’idée de l’élection ou de la prédestination, idée qui affirme de nouveau le droit légitime que possède Dieu de faire des choix en-dehors de toute considération autre que celle de Sa volonté : Rom 9,10 à 18. A la défense de Dieu, Paul ne reprendra pas autre chose que les arguments développés ici par Esaïe : Rom 9,19 à 24.

Si la contestation des droits que confère à Dieu Sa souveraineté due au fait qu’Il est le Créateur est la cause de toutes les rébellions, elle est aussi, montre ici Esaïe, la cause de tous les malheurs de l’homme. Les psychologues honnêtes le disent : autant que les blessures conséquentes aux malheurs qui nous arrivent, ce qui nous fait le plus souffrir est souvent notre rébellion, notre incapacité à accepter, quelque part à nous soumettre, à ce destin qui est le nôtre. Ce destin, pour autant, n’est pas toujours le fait de la volonté de Dieu : il est aussi le résultat de nos choix. Mais, autant nous refusons à Dieu le droit de conduire nos vies dans les voies qui Lui semblent bonnes pour nous, autant, paradoxalement, nous nous tournons vers Lui pour L’accuser lorsque les choses, en bout de course, ne se produisent pas comme nous l’aurions espéré ! En tout, et partout, nous devons le reconnaître : la source de tous nos malheurs résultent dans notre refus d’accepter et de reconnaître les droits que confère à Dieu, notre Créateur, la souveraineté légitime qu’Il possède sur nous.

C’est cette souveraineté qui, dit Dieu ici, sera à l’origine de la manifestation dans l’histoire de Cyrus et du succès qu’il aura parmi les peuples dans ses entreprises.

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