dimanche 4 janvier 2009

Esaïe 20

Texte biblique

L’année où Tharthan, envoyé par Sargon, roi d’Assyrie, vint assiéger Asdod et s’en empara, en ce temps–là l’Eternel adressa la parole à Esaïe, fils d’Amots, et lui dit : Va, détache le sac de tes reins et ôte tes souliers de tes pieds. Il fit ainsi, marcha nu et déchaussé. Et l’Eternel dit : De même que mon serviteur Esaïe marche nu et déchaussé, ce qui sera dans trois ans un signe et un présage pour l’Egypte et pour l’Ethiopie, de même le roi d’Assyrie emmènera de l’Egypte et de l’Ethiopie captifs et exilés les jeunes hommes et les vieillards, nus et déchaussés, et le dos découvert, à la honte de l’Egypte. Alors on sera dans l’effroi et dans la confusion, à cause de l’Ethiopie en qui l’on avait mis sa confiance, et de l’Egypte dont on se glorifiait. Et les habitants de cette côte diront en ce jour : Voilà ce qu’est devenu l’objet de notre attente, sur lequel nous avions compté pour être secourus, pour être délivrés du roi d’Assyrie ! Comment échapperons–nous ?

Réflexion

Esaïe : l’illustration du message :

Pour enfoncer le clou et marquer les esprits, quant à l’erreur que serait pour Juda le fait de s’appuyer sur l’Egypte et le royaume kouschite pour se défendre contre la menace assyrienne, l’Eternel va demander à Esaïe, par un comportement singulier et frappant, de mettre en scène le destin qui attend les habitants de ces deux royaumes. Marchant nu et déchaussé, Esaïe va mimer et illustrer aux yeux de tout son peuple le sort qui, dit-il, attend aussi bien les égyptiens que les koushites dans les 3 années qui viennent.

La forme avec laquelle l’Eternel a demandé à Esaïe de transmettre son message interpelle sur plusieurs points. Elle souligne d’abord la vérité qui est à la base du christianisme, vérité selon laquelle le messager ne saurait être séparé du message dont il est le porteur. Etre témoin de Dieu ou du Christ ne se résume pas à prêcher ou proclamer l’Evangile, la Parole de Dieu. L’Esprit de Dieu ne se sert pas seulement de nos paroles pour parler, réveiller les consciences ou toucher les cœurs. C’est toute la personne du témoin qui sert de média à Dieu pour illustrer Son message.
Le deuxième point que révèle l’ordre donné à Esaïe nous confronte aux limites qui, dans la bienséance, doivent être les nôtres pour être des témoins crédibles de Dieu. Il semble se dégager de la Bible à ce sujet un principe peu reconnu. Ce principe est que, en cas de situations extrêmes, le Seigneur, semble-t-il, n’hésite pas à demander à Ses témoins d’agir eux aussi de façon extrême, de manière à ce que, par leur comportement hors-normes, le message qui, autrement, passerait inaperçu ou pourrait ne pas être reçu avec la gravité qui s’impose, pénètre dans les esprits avec force.

Notons dans ce même registre les parallèles frappants que sont :
- la perte par Ezéchiel de sa femme : Ezéchiel 24,16
- la mise en scène singulière du même prophète devant tous : Ezéchiel 4
- la marginalité et l’originalité du comportement de Jean-Baptiste : Luc 3
- la colère de Jésus dans le temple : Jean 2,13 à 22
- La folie de la croix de Jésus : 1 Cor 1,23
- L’exubérance du roi David devant l’arche : 2 Sam 6,16

Notons cependant que toute extravagance de comportement du croyant n’a pas toujours sa source en Dieu. Ayant fui chez les philistins, David se comporta comme un dérangé : une conduite due davantage à son incrédulité, dont il dut se repentir, plutôt qu’à l’inspiration divine : 1 Sam 21,13 à 16 ; Psaume 34 . Notons de plus que cette extravagance dans le comportement était rarissime, d’où l’impact qu’elle pouvait produire dans les esprits, ceux qui la constataient ne pouvant être que frappé par l’extrême dans laquelle ces témoins de Dieu, d’habitude si corrects et maîtres d’eux-mêmes, allaient pour faire passer leur message. Cette extrémité nous pose cependant la question de savoir jusqu’où nous-mêmes sommes prêts d’aller dans ce qui s’apparente à de la folie pour Christ : 1 Cor 4,10 ? Jusqu’où également sommes nous prêts à sacrifier l’honneur de notre petite personne pour Lui ? Jésus Lui-même n’a-t-Il pas sacrifié Son honneur pour aller jusqu’à l’extrême, seul prix à payer possible pour le rachat de nos âmes ?

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