vendredi 5 juin 2009

Esaïe 50,4 à 9


Texte biblique

Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné une langue exercée, Pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu ; Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, Pour que j’écoute comme écoutent des disciples. Le Seigneur, l’Eternel, m’a ouvert l’oreille, Et je n’ai point résisté, Je ne me suis point retiré en arrière. J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, Et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; Je n’ai pas dérobé mon visage Aux ignominies et aux crachats. Mais le Seigneur, l’Eternel, m’a secouru ; C’est pourquoi je n’ai point été déshonoré, C’est pourquoi j’ai rendu mon visage semblable à un caillou, Sachant que je ne serais point confondu. Celui qui me justifie est proche : Qui disputera contre moi ? Comparaissons ensemble ! Qui est mon adversaire ? Qu’il s’avance vers moi ! Voici, le Seigneur, l’Eternel, me secourra: Qui me condamnera ? Voici, ils tomberont tous en lambeaux comme un vêtement, La teigne les dévorera.

Réflexion

Le serviteur du Seigneur : un disciple

Après avoir, dans le chapitre précédent, présenté la Personne du Serviteur, Sauveur de Son peuple Israël, Lumière des nations, un nouvel éclairage nous est donné ici sur la marque sous laquelle ce serviteur sera reconnaissable. Issu de Dieu dès sa naissance, le Serviteur de Dieu sera l’exemple, le type même du disciple de Dieu. En quelques mots, le Serviteur de Dieu Lui-même rend témoignage de ce par quoi ce terme de disciple se traduit dans sa vie

Une disposition intérieure : l’écoute de la voix de Dieu. Une écoute qui se caractérise de 3 manières :

1. C’est une écoute qui commence dès le matin, le disciple à peine éveillé. Etre disciple, montre le serviteur, est d’abord et avant tout une condition permanente, un état d’esprit. On n’est pas d’abord disciple par ce que l’on fait, mais par l’attitude, la disponibilité permanente à apprendre du maître dont on fait preuve dès le lever du jour. Pour le disciple, écouter, entendre la parole, les instructions du maître sont, dès le matin, la première chose qui l’anime et le préoccupe. L’oreille est ainsi le premier organe par lequel le disciple entre, dès le matin, dans l’apprentissage du maître.

2. C’est une écoute en vue d’apprendre. L’un des avertissements souvent répétés de Jésus à Ses disciples, puis des apôtres à ceux à qui ils s’adressent, portait sur le danger de pratiquer une écoute qui ne soit pas suivie d’application ou de mise en pratique dans la vie : Luc 11,28 ; Jacques 1,22 à 25. Le disciple n’est pas seulement celui qui, dès le matin, entend ce que le Maître lui dit, mais qui ensuite agit et se conforme aux instructions qu’il a reçu. Il est disciple, apprenti, répétiteur de ce qu’il voit ou entend du Maître.

3. C’est une écoute enfin en vue de partager et d’apporter à celui qui est dans le besoin la connaissance reçue du Maître pour son bien et son édification. Rien de ce que le disciple reçoit n’est destiné à l’enrichir lui seul. Ce que le disciple reçoit du Maître est ce qui l’équipe pour, à son tour, être serviteur d’autrui pour le bénir. Le disciple est le canal que le Maître a choisi pour, à travers lui, prodiguer au maximum les biens par lesquels chacun, au travers de la connaissance de Sa Personne, pourra être béni.

Une soumission docile, volontaire et inconditionnelle

Après l’écoute, le second trait présenté par le Serviteur comme caractéristique de Sa condition de disciple est la soumission volontaire. Pour illustrer ce qu’elle signifie, le Serviteur fait appel à un parallèle contenu dans la loi au sujet des esclaves : Exode 21,1 à 6. Alors que l’on pourrait penser que la condition d’esclave était la moins enviable qui soit, la loi prévoyait un cas particulier : le cas de l’esclave qui choisit, à cause de l’amour qu’il a pour son maître, de le demeurer. Ce choix étant volontaire, la loi stipulait qu’il soit validé par une marque visible, attestant à tous le type de relation qui existait entre l’esclave et son maître. Sur la base d’une confession d’amour, l’esclave déclarait alors refuser à la liberté à laquelle, par la loi, il avait pourtant droit au bout de 6 ans, pour rester dans la condition d’esclave dans laquelle il se trouvait. En signe d’accord avec la volonté de l’esclave, le maître se plaçait avec lui devant son Dieu et, le faisant approcher du battant ou du montant de la porte, il lui perçait l’oreille. L’oreille percée d’un esclave était le témoignage d’une part du choix de soumission et de service volontaire d’un esclave envers on maître, choix motivé uniquement par l’amour, mais aussi, d’autre part, un témoignage indirect rendu au caractère si bienveillant du maître.

Esclave volontaire par amour, esclave à l’oreille percée : tels sont la condition et le choix du Serviteur envers son Dieu. Un choix, montre la suite, qui ne se traduira pourtant pas par une vie et une condition humaines faciles. Fidèle, dévoué par amour à Dieu, le Serviteur devra faire face à l’hostilité, au mépris, aux coups, aux humiliations de la part de tous ceux qui, ne pouvant atteindre son Maître, feront de Lui leur bouc émissaire. Car, tel est toujours et partout le principe d’exercice de la vengeance. Expression de la colère et de la haine, la vengeance, ne pouvant souvent directement s’exercer contre celui qui en est l’objet, se tourne avec violence contre tous ceux qui, à portée de main, en sont les amis ou les représentants. Bouc émissaire de la colère des hommes contre Dieu : telle est, dans les faits, la traduction de la condition ici-bas de disciples de Dieu et du Christ., comme en témoignera plus tard l’apôtre Paul qui sait de quoi il parle : 2 Tim 3,12 ; 2 Cor 11,21 à 29. Etre disciple de Dieu et du Christ dans ce monde, c’est démontrer que, pour nous, notre préférence est d’être, à cause de Son amour pour nous, l’ami de Dieu plutôt que celui du monde. C’est dire au monde que l’amour du Maître est pour nous quelque chose de si précieux qu’il est préférable même à la vie et à tout confort.

Malgré la souffrance liée à la condition de disciple, le Serviteur témoigne aussi, alors qu’à l’extérieur tout est cause et sujet de peines, d’une joie née de son vécu intérieur : la joie de faire l’expérience du soutien du Maître. Cette joie, on la retrouve visiblement et clairement aussi exprimée sur le visage du premier martyr chrétien : Etienne : Actes 7,54 à 60. Cette joie de la présence du Maître dans les moments les plus difficiles est ainsi garantie à tous Ses esclaves à l’oreille percée. Elle est la raison même de leur fermeté, de la certitude qui les habite quant au triomphe final de la cause qu’ils servent, de l’assurance dont ils font preuve au moment, lorsqu’il se présente, du choix du sacrifice de leurs vies. Que le Seigneur nous donne aujourd’hui, en ces temps de dénouement final de l’histoire, d’être de ceux qui sont comptés parmi ses esclaves à l’oreille percée !

1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci Gilles pour tes explications. La bise